lundi 4 décembre 2023

Wanda ou l'art épistolaire !

 A la neuvième édition paloise du festival " les idées mènent le monde ", c'était un peu le même principe qu' au festival d'Avignon : à savoir, le programme officiel d'un côté avec les 23 " pointures  " invitées comme Costa Gavras, Philippe Labro , Jean Birnbaum ou Patrice Duhamel, et le programme "Off " en parallèle.

En sous-sol du magnifique Palais Beaumont se produisent aussi parfois de belles rencontres plus interactives. Des écrivains sur le mode plutôt artisanal tentent aussi de partager leur passion avec le public intéressé. Des poètes, des nouvellistes, des auteurs de polars et cette fois-ci une ancienne professeur qui s'adonne à l'art épistolaire, non sans malice.

Après ses deux premiers romans (" J'ai pas ma place "* et " la mémoire écrasée "*) assez sombres voire douloureux, Wanda Koméza, née en Gascogne, d'origine polonaise, s'amuse en se mettant dans le peau d'anciennes étudiantes qui écrivent à leur professeur de philo.
Treize lettres à la chute inattendue toujours, auxquelles les réponses apportées par le professeur ne sont pas toujours celles que l'on attendrait.

Le ton humoristique apporte un peu de légéreté à des sujets pourtant bien inquiétants parfois.

J'ai un peu voulu prendre une revanche sur tous ces sans-gênes, ces pique-assiette et autres profiteurs " que l'on subit parfois sans rien dire, confie-t-elle avec son regard aussi profond que pétillant.

Treize lettres savoureuses à lire, illustrées par Pierre Lafontaine. Un style totalement différent de ces deux précédents ouvrages. Ou l'art et la manière de se réinventer à chaque fois ?

Sa dédicace en dit long sur ces intentions épistolaires : "Vous sera-t-il aisé de les éviter, tous ces fâcheux, ou de vous moquer d'eux ? Joyeuse lecture ! ".


* " J'ai pas ma place " chez Mon Petit Editeur 2016

* " La mémoire écrasée " chez l'Harmattan 2018

* " Que répondez-vous, Professeur " ? Le lys bleu.


jeudi 30 novembre 2023

" Les rapaces "

 Sycophante . 

Un gros mot pour définir le travail précis et rigoureux d'une enquêtrice tenace ? 

Pour les grecs, il s'agissait du nom attribué à ceux qui dénonçaient les voleurs de figues ! Des lanceurs d'alerte en quelque sorte pour les uns, des délateurs pour les autres ?

Ainsi pourrait se définir  Camille Vigogne Le Coat, dans le sillage d'une Ariane Chemin .

Les amateurs de polars seront servis avec cette nouvelle enquête sur les affairistes varois et leur modus operandi décortiqué à la loupe, preuves irréfutables à l'appui. 

Un ouvrage clair et limpide qui se lit d'une traite pour ( re) découvrir un système qui certes précédait les élus locaux actuels , selon les confidences d'un  François Léotard lui même. 

Les amateurs de fiction n'ont pas à aller chercher bien loin quand la réalité la dépasse souvent de loin à lire cette enquête minutieuse. On comprendra ainsi facilement tout le sens donné à la maxime populaire : " quand le bâtiment va, tout va..." .

Une idée de cadeau de noël abordable et instructive   grâce à la détermination d'une enquêtrice qui n'a pas froid aux yeux !

* " Les rapaces " aux éditions des Arènes.

samedi 4 novembre 2023

Les génies des maths !

 A ceux qui désespèrent de comprendre le monde des mathématiques et encore moins les matheux, une seule prescription : "Le théorème de Marguerite" d'Anna Novion. Il en faut bien du talent pour rendre un sujet aussi pointu que le monde des chercheurs en mathématiques si captivant. 

Marguerite, élève brillante était sur le point de présenter sa thèse de recherches à l'école normale sup, soutenue auprès de son professeur Werner (Darroussin en chercheur froid, orgueilleux et obstiné) lorsqu'une question posée par un second doctorant vient ébranler toutes ses certitudes. Mentoré par le même professeur, ce surdoué (Julien Frison de la comédie française) mène aussi l'enquête sur la conjecture de Goldbach.

La dérive de Marguerite avec les chinois
 (Anna Novion/Pyramide Films)
 
Le long cheminement de cette élève, aussi géniale que coupée du monde qui l'entoure, est retracé ici avec brio, nuances et rebondissements.
A ceux qui n'y comprennent absolument rien à la passion dévorante des maths, comme à ceux qui la partagent, est dépeint ici le feu sacré de tout chercheur.

Les presque deux heures de sa chute à la renaissance dans ce milieu si fermé des chercheurs filent à la vitesse grand V tant les personnages sont profonds et attachants.

Clodilde Courraud, la mère de Marguerite dans le film, qui a repéré le "don" de sa fille lorsqu'elle l'aidait à corriger ses copies de maths au collège, apporte un peu la clé psychologique du fonctionnement de ce personnage atypique par son histoire familiale.

Personnages atypiques pour genre atypique, à la croisée du thriller psychologique, du drame et parfois même de la comédie romantique.

Une belle surprise pour cette rentrée cinématographique, présentée hors compétition au festival de Cannes en mai dernier. 

lundi 30 octobre 2023

Le poète a dit la vérité mais il ne faudra pas l'exécuter !

 A l'heure de l'inauguration de la Cité Internationale de la Langue Française au château de Villers-Cotterêts, cette interview très locale  pour ne pas dire " viscinale " de Bigorre ,  d'un normand de naissance, amoureux de la langue française, poète à ses heures et panetier de son état :

Bonjour ainsi tu es poète ?

Oui, Dieu m'a fait ainsi, dans une difficulté à aimer les maths et avec une certaine aisance pour jouer avec les mots.

Est-ce depuis longtemps ?

Depuis mon enfance, je suis né dans une ferme et la poésie poussait d'elle même, la nature en regorge. Je ne faisais que la capter, la respirer avant de la restituer avec mon coeur, ma tête et mes sens.

Tes parents étaient férus de poésie ?

Ils étaient laborieux, tous deux les mains caleuses et le verbe paysan parfois patois et de bonne éducation chrétienne.

Ils t'ont initié aux travaux de la ferme ?

Certes oui, je passais du champ à l'étable, du verger au poulailler, je savais imiter le chant des animaux et je vibrais de tous mes pores à chaque merveille de la création, les ordinateurs n’existaient pas, aucune image artificielle ne ternissait mon âme...

Comment devient-on poète  ?

On devient poète si l'on est un rêveur, un penseur, un amoureux d'une langue et si possible un amoureux du "verbe fait chair".
Il faut avoir vécu dans du beau ou du laid, baigné dans l'amour ou dans le mépris.
Il faut avoir tué la rancœur dans le pardon des larmes ou être compatissant à la souffrance de nos semblables.
Il faut un esprit rieur allié à un cœur bon, il faut un peu d'instruction ou bien un bel esprit curieux, espiègle sans doute.

Inné ou acquis ?

Inné parce que c'est un don divin : certains sont diplomates, d'autres poètes, d'autres sont des chefs, d'autres encore comptables.
Acquis ? oh non rien ne l'est ici bas !
Le poète orgueilleux vit avec une épée sur la tête, l'a v c ou l’Alzheimer le guette.
Le poète trop sérieux se dessèche sous les lampadaires de l’embourgeoisement.
Le poète plagiaire finit par se détester face à son miroir.
Le poète isolé de toutes relations humaines ne voit plus que sa propre laideur, ses mots sont des maux.
On ne peut pas acquérir des vers comme on acquiert de l'argent, il faut savoir être canal du bien comme le sourcier qui sonde les veines souterraines.
Attention cependant de livrer son âme au vrai Dieu et non pas à son singe qui est le diable !

Comment définirais-tu la poésie ?

La poésie, la vraie, se compte en pieds, en alexandrins.
C'est la véritable poésie, sculptée dans l'épaisseur de notre langue française, qui est elle-même enracinée dans la langue latine.
Cet art là existe peu aujourd'hui car une conception moderne de la poésie a, pour le moment, supplanté l'originale.
Il suffit à présent de monter un canevas de mots plus ou moins cohérents avec des rimes pour fabriquer de la poésie moderne comme on fabrique de l'art pictural avec un gribouillis de couleur.
Néanmoins, le poète libre du XXI e siècle doit apporter une certaine fraîcheur à l'intelligence de son lecteur pour prétendre à un art certain.

Que t'apporte-t-elle ?

Personnellement, j'accouche ma pensée irriguée par mon coeur, je livre un peu de mon âme heureuse ou triste à celui qui voudra me lire.
Je noircis une page avec tous les mots qui m'habitent à un instant T parce qu'un sentiment aura produit cela en mon for intérieur.
Comme je ne peux pas livrer cela dans le langage banal de la vie quotidienne, je grave une poésie à la manière d'une épitaphe sur le granit d'une tombe.
J'ai envie de donner quelque chose à un lecteur potentiel et c'est tout.
A part ça, je n'aime pas les retours sur moi comme on n' aime pas entendre sa voix dans un enregistrement.

Petit discours francophile


Sous le soleil pâle d'automne,
Mots choisis pour une occasion,
Excepté celui de Cambronne,
Par eux, je livre mon émotion.

Tendres enveloppés de fleurs,
Fermes appuyés sur une racine,
Drôles, sortants à la bonne heure,
Serrés comme dans une boite de sardines.

Vous ne les aimez pas politiques,
Vous les aimerez autrement,
Chantant en bouquets poétiques,
Servis avec un verre de crémant.

Qu'allons nous faire de notre langue ?
Si raffinée, courtoise et conquérante,
Même si notre beau bateau tangue,
Elle ne devra jamais être dormante.

Les mots engagent toutes nos actions,
Ils s'ajustent dans notre labeur quotidien.
Les mots permettent à nos relations,
D'apporter la paix à notre méridien.

Il a fallu pour cela que le verbe s'incarne,
Dans notre pauvre chair désorientée,
Voulant éviter que notre âme se damne,
Notre Sauveur mort fut ressuscité.

M.L.

 






lundi 23 octobre 2023

Des cours d'empathie à l'école ?

A observer la montée de la violence dans les rapports humains, que ce soit dans le cadre de l'école, ou dans la société tout entière, l'heure des cours d'empathie a sonné. Au plus haut niveau de l'Etat, des réflexions suivies d'actions ciblées sont menées pour s'attaquer aux racines du mal. Déjà, des cours de philosophie sont mis en place ici et là, au sein même des petites classes pour tenter d' apprendre aux enfants le discernement et l'esprit critique dans un cadre très structuré. Histoire peut-être d'échapper plus tard à toute forme d'emprise, qu'elle soit intime ou sectaire ? Ou du moins à réfléchir par soi-même ? Quelques volontaires ont donc mis en place, dans les classes de maternelles ces fameux cours d'empathie qui consistent à développer l'altérité chez l'enfant. Petit exercice basique : dans des duos, un élève masse doucement le dos de son petit collègue. Un enfant massé par son congénère serait moins enclin à la violence verbale en cours de récré ensuite, voire à la violence physique. La parole circulant ainsi plus librement, les relations deviennent plus fluides. Il est cependant consternant que deux notions aussi élémentaires que la saine communication et l'empathie doivent désormais s'apprendre à l'école alors qu'elles devraient être au coeur de toute vie familiale ? A se demander quel rôle éducatif jouent réellement les parents ? A déléguer leurs responsabilités ? Arrivé à ce degré zéro de transmission, peut-être serait-il encore temps de se référer à l'éthologie et ses cours de comportementalisme animal pour prendre exemple ? Observer dans la nature la manière dont les animaux protégent d'abord leur progéniture, et leur apprennent tout simplement à vivre et à bien se défendre. Le mimétisme restant au départ la manière la plus simple d'apprendre, pour le meilleur...ou pour le pire. Une fois de plus, le monde à l'envers .

jeudi 24 août 2023

De l'altérité climatique !

"La maison brûle et nous regardons ailleurs" :reste une citation phare d'un ancien président  apprécié des corréziens en matière d'environnement.
Les trois-quarts de la France qui subissent les aléas climatiques hors norme d'une fin de saison estivale peuvent profiter aussi accessoirement de certains avantages collatéraux. A commencer par l'attention ainsi déployée envers les plus sensibles et la communication à ce sujet n'est pas en reste.
Sans doute a-t-on appris des erreurs de la canicule 2003 où la désinvolture générale avait occasionné de nombreuses victimes, livrées à elles-mêmes.
A choisir dans une situation pareille, trop de communication vaut sans doute mieux que l'indifférence, combat si cher à la chanson phare de  Gilbert Bécaud ?
Une petite attention, un simple texto à des personnes isolées - ou pas - ne fera jamais de mal même si les capacités d'adaptation et la responsabilision personnelle sont de mise. Peut-être est-ce ce qu'on appelle le sentiment d'"altérité" ? Sans pour autant sombrer dans le paternalisme déplacé et dépassé.
Toujours est-il que ces aléas permettront par exemple aux marseillais ou aux alésiens d'avoir accès gratuit aux piscines municipales ! Les avantages des inconvénients en quelque sorte.
 L'occasion en tout cas de comprendre que chacun est différent et réagira par conséquence différemment aux agressions extérieures, selon son ADN et ses expériences.

jeudi 27 juillet 2023

LITANIE EN LITUANIE ?

Petit emprunt au titre d'une chanson pas vraiment douce si bien interprétée par Jane Birkin, en hommage au triste anniversaire du décés de Marie Trintignan il y a vingt ans à Vilnius en Lituanie. Lors d'un tournage pour un film sur Colette , l'effroyable dispute entre le bordelais du groupe Noir Désir, Bertrand Cantat et la fille de Jean-louis Trintignant tournait au drame absolu. Un intolérable fait divers qui dans son horreur a eu le mérite de mettre en lumière la notion de féminicide, d'emprise relationnelle dans les couples dysfonctionnels, qu'ils soient de milieux ordinaires ou extraordinaires. La mécanique implacable restant toujours immuable sur dominant(e) et dominé(e). Puisse cette triste date anniversaire alerter sur l'urgence absolue d'éduquer les enfants au respect de l'autre sexe. Il s'avère que des études montrent à quel point certaines mères véhiculent inconsciemment ou pas à leurs garçons de mauvais comportements, en laissant faire ce qu'elles interdisent à leurs propres filles. Une discrimination qu'elles reproduiraient le plus souvent à l'aveuglette. En prendre conscience serait peut-être un premier pas ? Quant au pardon, à un chanteur qui a pu continuer honorablement sa carrière, il s'agit encore d'un autre débat hautement sensible. Pour Marie Trintignant, sa voix s'est tue à jamais. Paix à son âme fracassée.

mardi 18 juillet 2023

"L'histoire interdite" ?

"Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie". Cette citation d'Albert Londres, référence incontournable pour tout journaliste qui se respecte, pourrait s'appliquer comme un gant à l'enquête menée par la jeune pigiste Inès Léraud dans les côtes d'Armor, suite à des morts suspectes d'humains et d'animaux. Dans un environnement hautement sulfureux : celui des concentrations d'algues vertes en putréfaction dégageant du gaz H2S hautement toxique. Une problèmatique qui a été soulevée dans cet environnement précis depuis 1971 !

DR
Adapté d'une bande dessinée, ce thriller de Pierre Jolivet et Céline Salette sort aux prémisses de la période estivale malgré les pressions du tout puissant milieu de l'agro-alimentaire, de la F.N.S.E.A., et des enjeux touristiques d'autre part. Les subventions régionales pour le film avaient d'ailleurs pris du retard.

Cette enquête menée sur le terrain , "vent debout" comme disent les bretons prouve à quel point la détermination sans faille avance tel un rouleau compresseur surtout quand la cause est juste. Malgré menaces de mort et sabotages en tout genre.

De l'arrivée de la jeune journaliste en Bretagne, qui déboule tel un chien dans un jeu de quilles dans la maison de famille d'une amie, au procès final, toutes les étapes sont décrites ; malgré quelques lenteurs de rythme, ce lourd dossier tiré de faits réels est décortiqué à la loupe, témoignages divers et variés à l'appui, avec précision et rigueur journalistique, sans pour autant devenir indigeste. Instruire en s'amusant, tel était l'état d'esprit à la conception de la B.D. d'origine, dans le trationnel  "Docere,  movere, placere".

Petit à petit, la jeune pigiste, aidée de bretons courageux et lucides s'attaque à ce qui est convenu d'appeler "la fabrique du silence" et brise l'Omerta provoquée par la peur de tous ceux qui travaillent de près ou de loin dans le domaine agro-alimentaire. La fin du film nous apportera un éclairage supplémentaire sur sa détermination sans faille quasi viscérale pour réhabiliter une famille victime face à des professionnels qui n'en sont pas puisqu'ils n'ont pas pris le soin de protéger à minima leurs employés corvéables à merci.

Un dossier qui espère-t-on fera jurisprudence dans la protection des risques professionnels, quelqu'ils soient, dans quelque domaine que ce soit. Des actions de sensibilisation au grand public ont déjà vu le jour sur le rivage de Moëlan-sur-mer à la sortie du film.

A voir, pour que les mêmes causes ne produisent pas inéluctablement les mêmes effets, surtout quand il est si difficile de s'attaquer aux causes !




mardi 13 juin 2023

Wahou ... " Wahou " !

Les frères Podalydès, Bruno le brun ténébreux et Denis le plus longiligne ne cessent de nous surprendre et leur complémentarité pimente avec justesse le cinéma.  On se souvient notamment de  " Liberté Oléron "  qui les avait propulsés au devant de la scène.

Leur dernière onomatopée, en guise de cri de satisfaction, résume à elle seule le but ultime de tout agent immobilier : surprendre et étonner le client potentiel pour conclure l'affaire !
D'où un titre prometteur qui n' y va pas par quatre chemins et arrive finalement droit au but ! N'en déplaise aux grincheux.

Tel est le sujet du film où Oratio (Bruno Poldalydès) et Catherine (Karin Viard) tentent de trouver acquéreur pour deux biens apparemment difficiles à vendre : une belle demeure bourgeoise de Louveciennes avec terrain de 1200 ha piscinable et un lumineux appartement récent dans le  "triangle d'or" de la ville puisque chaque endroit a son triangle ! Jargon commercial oblige. Surtout dans le secteur immobilier.

DR
Jeux d'acteurs plus vrais que nature défilent dans cette succession de tranches de vies aussi désopilantes que touchantes. Quand la légéreté du jeu apporte sa touche  au fond du propos, le spectateur détendu ne peut lui aussi que s'exclamer : "Wahou".  Il faut dire que la brochette d'acteurs hors pair servent le scénario à merveille. Musique classique en ouverture avec en sublime introduction la sérénade de Schubert au piano.

Une troupe de musiciens plutôt hors sol débute les festivités qui laissent la conseillère immobilière déjà un peu larguée sur les rotules. S'en suit tout une galerie de portraits tous plus attachants les uns que les autres. Y compris le vieux couple corse peu assorti, escorté de son architecte pour tout démolir.

Le couple Sabine Azéma et Eddy Mitchell fonctionne idéalement, ne trouvant pas d'acheteurs aussi atypiques que leur grande propriété un peu décatie. Dévaluée par le passage du train en bout de terrain R.E.R...

Un film qui contribuera peut-être à rendre les agents immobiliers un peu plus "humains" et moins "bling bling" que l'habituelle notoriété de vautours avides qui les précéde en général !

A noter le jeune stagiaire en immobilier, qui aura le mot de la fin, et non des moindres ! Avec encore deux Podalydès supplémentaires dans le rôle du peintre et de l'architecte !

Une belle surprise plus qu'honnête avant la prochaine fête du cinéma à venir.

dimanche 11 juin 2023

L'art- ( naque ) de la récup !

 L'enfer est pavé de bonnes intentions murmure en douce  l' incontournable vox populi - parfois- pleine de bon sens !

Cet ancien dicton pourrait s'appliquer à la grande mode de la récup à tout va, au sens propre d'abord puis au sens ( dé) figuré : pour le premier, ce vent de sobriété ne pourrait par exemple pas s'appliquer au plastic, qui récupéré, avec valorisation assez coûteuse au passage, aurait le fâcheux désavantage de repolluer une seconde fois . Soit.

Pour le second sens , nul besoin d'aller chercher bien loin les exemples pléthoriques qui pullulent dans la presse un peu trop pressée apparemment. Les faits divers servant quotidiennement d'os à ronger pour la monter d'adrénaline garantie. 

A chaque jour son fait divers, soigneusement mis en avant et sélectionné parmi la liste infinie de tous les faits divers possibles et inimaginables receuillis par exemple en gendarmerie ou police : violences faites aux femmes, accidents de la route, déréglements météorologiques,  etc etc .

A chaque jour donc une soigneuse sélection du fait divers à mettre en exergue, récupérable si possible par de plus ou moins louables intentions.

Après le recyclage à gogo d'un fameux accident de la route sous emprise de substances stupéfiantes au sens peu sensationnel du terme, son feuilleton aussi voyeur que nauséabond, place au fait divers du lac d'Annecy. Que chacun se recueille sur ce drame absolu ne choquera personne, bien au contraire.

Que des politiques se mettent en marche et se déplacent ( ou pas )  in situ parce qu'un agresseur serait chrétien exilé  illuminé et qu'un sauveur serait quant à lui un chrétien comme il faut ne changera hélàs pas la donne finale. Chrétien extrêmiste, chrétien modéré, comme le musulman, le boudhiste sectaire ou pas , il y aura toujours un agresseur et des agressés pour revenir au fond du problème somme toute humain avant d'être religieux. Et un environnement qui porte secours ou pas.

La récupération à outrance de chaque drame sélectionné   dès qu'il peut servir la cause du  " récupérateur "peut vite devenir contre-productive. 

Donner la nausée même ...

Mais heureusement, les français n'étant  encore pas tous des veaux, le tri sélectif commence par devenir un réflexe salutaire. Au sens propre comme figuré. Loin de tout manichéisme primaire.

Et ce n'est pas l'éthymologie du mot Tri qui nous dira le contraire !

vendredi 2 juin 2023

Le monde à l'envers !

 Selon une docte étude, des effets surprenants auraient été notés en ce qui concerne les performances incalculables de l'I.A , intelligence artificielle pour les néophytes.

Si les transformations sociétales pour ne pas dire " cérébrales " induites par son application à toutes les sauces posent parfois d'édifiants problèmes éthiques, une récente découverte répertoriée pourrait ne pas laisser de marbre les principaux intéressés : les médecins .

Les applications dont certains robots articulés sont affublés les rendraient paraît-il plus humains que les humains eux-mêmes ! Allons bon .

De quoi piquer au vif ceux qui ont signé le serment d'Hippocrate à leurs débuts .

Certains patients salueraient l'empathie de bon aloi et la politesse dont font preuve les robots préposés . Une curieuse découverte qui pourrait bouleverser le monde médical, mais pas exactement à l'endroit que l'on attendrait.

Il faut bien avouer que les robots articulés ont leurs avantages : peu de baisse de régime, point de sautes d'humeurs ou de favoritisme en faveur d'un tel ou d'un tel : équité , impartialité totale envers leurs patients.

Si l'erreur reste bien humaine,  les robots seraient  donc plus fiables pour détecter toutes sortes de maux, invisibles aux yeux parfois subjectifs desdits doctes  médecins ?

Une fois écartés les écueils habituels  de passe-droits en tous genres ou de favoristisme inhérent à toute élite sociale, il convient d'avouer qu'un oeil robotique soit plus objectif qu'un oeil humain, encombré de toutes sortes de scories conscientes ou pas.

Les robots testés dans des maisons de retraite  ne prendraient pas de retard, les robots seraient pourvus de modalités tombées apparemment  en désuétude  :  " bonjour, au revoir, merci , comment allez-vous ? " . Que demander de plus à l'heure où les déserts médicaux s'étendent  ?  Un sourire peut-être ? N'exagérons pas ! Point trop n'en faut .

Les progrès technologiques galopant à la vitesse grand V qu'il convient parfois de réguler, il est rassérénant d'apprendre qu'en matière d'humanité , les androïdes seraient parfois supérieurs aux humains souvent dépassés par leur  subjectivité aveuglante. Trop de confiance en soi tuant la confiance. 

C'est ce qu'on pourrait  appeler  " marcher sur la tête " à défaut de marcher sur la lune,  mais les acrobates  et équilibristes en tous genres ne peuvent que se féliciter d'une telle nouvelle inespérée . De plus, peu de probabilités qu'un robot n' abuse de la confiance d'un ou d'une patiente !

Quand les robots apprennent aux humains le chemin de l'altérité , c'est que l'humain file un mauvais coton .

S.O.S Robocop ?

jeudi 1 juin 2023

ARSENE ET LES LOUPS

Arsène et les loups 

 La pluie est glaciale,
 Et la soirée habillée;
 Les arbres, en habit vert pale,
 Les loups, le pelage mouillé. 

 La fleur bleue se fane.
 La fumée sent le bois de chêne 
 Autour du feu, danse la gitane,
 Au son de la voix d'Arsène.

 L'abri de tôle plutôt sommaire
 Et la lumière électrique jaune 
 Donnent l'ambiance d'un concert ;
 Des gitans frappent dans leurs paumes.

 La pluie s'arrête enfin au seuil 
 De cette étonnante nuit. 
 Les arbres agitent leurs feuilles;
 Les loups sont endormis. 

ML 31-05-23

mercredi 3 mai 2023

Avoir la fibre ou pas ?

12000 branchements quotidiens seraient enregistrés en France pour le raccordement à la fibre optique.

Selon les offres d'abonnement aux principaux opérateurs, rien de plus facile. Progrès technologique oblige.

Combien de foyers restent encore  hors-jeu parmi tous les errements communiqués à droite et à gauche, quand un ou plusieurs maillons de la chaîne ne jouent pas correctement son rôle ? 
Nul ne connaît le chiffre tant les problèmes de tous ordres progressent à la vitesse grand V.
Sûrement supérieur au 12000 raccordements, vantés à grand renfort de communication commerciale.


Gare à ceux qui emménagent à qui il est promis par les opérateurs leur éligibilité, abonnement oblige.

C'est là que le parcours du combattant débute entre techniciens mal formés, manque d'explication,  pourtant dans le "domaine phare" de la communication et de la transmission des informations, que ce soit par voie aérienne ou souterraine.

Quelle alternative pour ceux qui n'ont pas forcément de temps à perdre, qu'ils soient actifs ou retraités d'ailleurs ?

Quid de ceux qui télé-travaillent et qui doivent attendre les calendes grecques avant d'obtenir éventuellement une énième hypothétique visite à domicile pour résoudre un problème révélateur des disparités géographiques ?

Un peu comme les "blablas" de la Poste et de ses multiples nouveaux services, les promesses des principaux opérateurs téléphoniques n'engagent que ceux qui y croient. Et payent pour y croire.

Tous ces contribuables qui contribuent donc et subissent un service non rendu ou différé à gogo.

Obtenir des explications claires et fiables relevant de la gageure. Saturation des boîtiers, manque de suivi dans le personnel, etc etc. 

Certains politiques se sont emparés du sujet bien épineux en proposant des solutions.

Une récupération de plus ou le début de solutions pragmatiques et efficaces ?

lundi 10 avril 2023

" Normale " !

Lucie et son père tentent de se conformer aux apparences  - DR

Un titre inattendu pour cette comédie - dramatique d'Olivier Binet, adaptée d'une pièce de théâtre de David Greig ,intitulée "Le monstre du couloir".

Titre qui en dit long en tous cas sur le regard extérieur posé sur une relation père-fille aussi drôlatique que pathétique. Un titre surprenant aussi pour un des plus géniaux acteurs belges, Benoît Poelvoorde, qui incarne un père décalé, aimant, fragilisé par la sclérose en plaque. 

Les rôles s'inversent donc dans ce duo familial atypique où la collégienne Lucie, touchante Justine Lacroix, materne son père pour éviter le placement en foyer prévu par l'administration sociale.

Chacun tient à sa manière, souvent surréaliste et poétique dans un environnement fade, chacun dans son monde imaginaire. Lui s'évade en sous-sol avec  ses jeux de rôles, elle s'invente avec brio des histoires parfois à dormir debout ! Tous deux avec une poésie et l'énergie du désespoir qui les caractèrisent.

Derrière l'insoutenable légereté de leur feinte désinvolture se profile le profond désarroi face à l'inéluctable. Avec une imagination débordante, ils inventeront mille et un subterfuges pour déjouer le verdict d'une visite prévue de l'assistante sociale qui ne sera pas celle que l'on croit. Ils tenteront de s'adapter pour feindre les apparences auxquelles il convient de se conformer pour survivre.

Ce duo s'élargit en trio ensuite avec l'apparition d'un collégien lunaire décalé qui se cherche sur bien des plans ; il révèle en fait toute l'incroyable souffrance, hors norme, induite par les situations parfois bancales de la vie.

Ce titre, provocateur finalement, révèle en fait la volonté de "normalité" recherchée par les protagonistes dans une société des apparences souvent  trompeuses.

Dans un monde à l'envers, où les  "normaux" ne sont pas vraiment ceux que l'on croit, ce film remettra peut-être quelques pendules à l'heure quant à certains préjugés hautement toxiques.




vendredi 31 mars 2023

Une bonne correction !

 Rien ne remplacera jamais l'oeil humain et hommage est ici rendu ici à la sagacité de certains qui n'en loupent pas une ! ...De fote d'autograf s'entend.

 A l'heure des outrances de l'usage démesuré de l'Intelligence Artificielle utilisée , l'attention affutée d'un incollable en orthographe reste  toujours inestimable, surtout quand on reste le nez dans le guidon. Elle atteste au moins de l'intérêt qui est porté à un texte, en l'occurrence.

 Sur la forme du moins . Sa mise en page, son apparence en quelque sorte.

Passée cette correction bienveillante voire salvatrice qui permet toujours de s'améliorer, il semble aussi équitable, pour une vision globale équilibrée, de percevoir également du positif. Le cas échéant, bien évidemment . Soucis d'impartialité oblige.

Pour certains, souvent perfectionnistes pour ne pas dire utopistes,  nul besoin de le souligner quand tout va bien. 

Seul le détail négatif prendra immanquablement le dessus sur toute autre considération.  

Ces regards perçants et non complaisants  nous permettent toujours de progresser quand ils sont justifiés.

Veillons simplement  à ce qu'ils ne paralysent pas leur entourage , proche ou moins proche,  surtout lorsqu'il est jeune et en construction. 

L'art et la manière, comme qui dirait ;-)




jeudi 30 mars 2023

La chasse aux billets !

Certains les préfèrent bien au chaud à l'abri des regards sous un matelas épais comme à l'ancienne, d'autres les placent à l'étranger dans des tiroirs cadenassés.

Les échanger, les partager ou les accumuler en solo ? Là réside la question pour les amateurs.

Même s'ils n'ont pas tous la même valeur, selon les saisons, les jours, les heures, ils proviennent de petites collections personnelles le plus souvent.

Stockés, ils peuvent servir et resservir à l'envi pour qui aime les utiliser. Parfois copiés, plagiés, les vrais se distinguent aisèment des faux pour l'oeil averti.

Est-ce un péché que de vouloir les accumuler au fil du temps ? Il s'agirait avant tout d'un dérivatif !

L'amour des billets, c'est avant tout la jubilation de  193  (bons) mots à partager sans jamais lasser vu leur brièveté. Ce qui importe, n'est-ce pas la chute avant tout dans cet exercice de style ou l'humeur ( bonne si possible )  reste reine !

Puissent ces billets d'humeur ne pas simplement faire le bonheur de quelques banquiers...

Pour les indécis, qu'ils passent leur chemin.

 Pour eux, il restera toujours la chasse aux oeufs avant Pâques ou la Trinité !


mardi 14 mars 2023

Vous simplifier la vie ?

Tel s'annonce le slogan prometteur d'une société devenue anonyme : la Poste ! Service public avec fonds publics qui ne tient pas toujours ses promesses. Service de plus en plus anonyme en effet, sans grande humanité. 

Reine des slogans pourtant avec son dernier en date, assez éloigné  des réalités de terrain :  à ne pas mettre entre toutes les mains donc !

Si son service communication marche à plein régime, ses missions de plus en plus nombreuses s'éloignent d'autant  plus de sa vocation historique : le transport du courrier d'un point A à un point B. 

Un peu comme l'Armée ou bien d'autres institutions, la Poste a dû s'adapter à la transition sociétale et numérique certes. Mais s'adapter, innover, en oubliant les fondamentaux,  à savoir le service universel du courrier par exemple , c'est tout simplement se perdre de vue. Se perdre tout court. Un peu comme le courrier au parcours souvent aléatoire pour ne pas dire approximatif.

On comprendra que la multiplication des intérimaires en tous genre ne facilite pas la tâche, quand le temps  nécessaire de formation suit rarement. Surtout en ville. Avec  turn over garanti en prime .

Comment expliquer qu'une simple lettre dûment affranchie  mette 11 jours à parcourir un simple  trajet Sud-Nord de 700 kms  alors qu'elle en met deux dans l'autre sens ? Grèves comprises.

Les courriels ne sont certes pas faits pour les chiens question vitesse grand V, mais personne n'empêchera personne d'attacher de l'importance au courrier désormais " traditionnel ", surtout dans des occasions spécifiques  avec les faire-part de naissance, de deuil, de mariage ou autres joyeusetés de la vie.

Pour faciliter le bon acheminement des dits courriers en zone rurale, certains maires ont même décidé d'instaurer de nouveaux numéros de rue en lieu et place des lieux dits , bien vagues pour les intérimaires de passage.

Parmi ses innombrables missions de service public engagées, de la vente de téléphones portables aux service d'assistance aux personnes âgées, il  ne serait sans doute pas inutile de s'assurer a minima de la qualité de l'acheminement du courrier sans parler de sa sécurisation.

Mais c'est sûrement trop demander à qui veut innover pour innover ?

lundi 6 mars 2023

La paix à défaut de la vérité ?

La sortie du film " La syndicaliste" de Jean-Paul Salomé arrive à point nommé et pourrait sonner comme le point d'orgue de l'histoire de Maureen Kearney plus réelle que son incarnation, Isabelle Huppert.

L'effroyable chemin de croix de cette défenseuse des salariés d'ex Areva, adapté, selon son témoignage en version " light " au cinéma laisse un arrière-goût amer pour qui attache de l'importance à la notion d'équité.

Maureen Kearney & Isabelle Huppert - DR

Victime au départ d'une agression surréaliste à son domicile pour avoir gêné des enjeux qui la dépassaient, cette lanceuse d'alerte, ( dont la mère a participé à la libération de Nelson Mandella ) se trouve retournée comme une crêpe en posture de coupable pour dénonciation mensongère. Le long cheminement de ( partielle ) réhabilitation est efficacement retransmis dans un film implacable.

Entre la paix et la vérité, elle choisit au départ, pour protéger sa famille, de lâcher prise, sous la pression des policiers zélés. Le suspens est entretenu tout au long du film et chacun s'interroge, y compris son mari, sur la véracité des faits; jusqu'au jour où une affaire semblable sera retrouvée, avec même mode opératoire.

Celle de Marie-Lorraine Boquet-Petit, femme d'ingénieur de Véolia, agressée dans les mêmes conditions le 22 juin 2006 dans les Yvelines.

L'occasion de s'interroger sur la manière dont est rendue la Justice en France, surtout quand le contexte dépasse de loin tout ce que peut imaginer l'entendement humain.

Quand l' Intérêt supérieur de l'Etat prévaut sur la sécurité élémentaire des lanceurs d'alerte, on comprend à quel point il est nécessaire de les protéger à minima si la cause est juste.

Sujet probablement aussi de philosophie quand la paix devient plus importante que la vérité. Histoire de sauver sa peau.

Surtout quand les agresseurs courent toujours dans l'impunité la plus abolue.

Un film d'utilité publique à n'en pas douter.


jeudi 2 février 2023

" ARBEIT MACHT FREI " ?

 Il est des slogans si connotés qu'on aimerait disparus à jamais et qui pourtant reviennent à l'esprit dans des temps où la valeur Travail est discutable, tant sa notion a évolué avec le temps.

Ce slogan, censé détourner les joueurs et les fraudeurs de la seconde partie du 19 ième siècle, fut tristement repris par les nazis dans les années 30. Inscrits à l'entrée des camps de concentration, ce détournement de valeurs ne donne pas vraiment un goût de "revenez-y".

Avant même, il tentait de justifier le Goulag en 1920 sur les îles Solovki dans le style "Par le travail, la liberté" ...

Autant dire que ce mot, qu'il soit allemand ou autre, revêt des significations bien différentes selon la variété des contextes. Un peu comme le symbole de la Svastiska, détournée par les nazis, dont se sont inspirés les basques dans leur lauburu ou les bretons avec leur triskel. Le sens vers la gauche ou la droite indiquant la paix ou la guerre.

Pour en finir avec une liste qui n'en finirait pas, ce slogan fut même adopté par un groupe rock "Les rats".

A chacun son inspiration. Artistes ou pas.

Toujours est-il que par les temps qui courent, le rapport que chacun entretient avec le travail a bien évolué. Ne pas prendre le temps nécessaire de considérer et d'analyser cette évolution risque de mener certains  droit dans le mur.

On aura bien compris qu'avec cette valeur, autant prendre son temps pour affiner le contexte si l'on veut y comprendre quelque chose. Qu'il rende libre ou qu'il asservisse, ses modalités et ses conditions doivent être observées à la loupe si l'on veut avancer. A la loupe d'un coté, et avec le recul de la longue vue de l'autre. Exercice complexe mais pas impossible.

Inutile de dire que son rythme ne suit pas forcément celui  du train (de vie) des sénateurs à l'abri de tout ou presque ! Surtout que le ridicule ne tue plus.

vendredi 27 janvier 2023

L'effet celte !


 Mars 1923 sur une île isolée au large de la côte Ouest d'Irlande. L'île imaginaire d'Inisherin.

Ce chef d'oeuvre cinématographique de Martin Mac Donagh  (nominé entre autre  pour les futurs oscars)  ne ressemble à aucun autre et c'est bien là son surprenant intérêt . Ben Davis , le directeur de la photo a su sublimer  avec brio un territoire hors norme qui donne aux humains leur caractère si atypique. Baigné de culture celtique, il donne la part belle aux légendes celtes et toute leur puissance sur les personnages. La vierge, les croix celtiques et les sorcières (Les Banshees)  prennent ici autant de place que les animaux dont la présence revêt la même importance que celle des humains. Que ce soit le border collie, l'âne miniature ou le cheval.

Dans ce cadre hors norme, se décline la fin d'une histoire d'amitié entre un violoniste , Colm (Bendan Gleeson) et Padraic (Colin Farrel époustouflant). L'artiste décidant presque du jour au lendemain de briser son amitié qu'il estime creuse avec Padraic, un vrai gentil. Ce dernier cherche en vain à comprendre le revirement de son ami pour lui inexpliquable. Selon l'artiste, son ami serait devenu "creux" et sans aucun intérêt . Seule la trace artistique importerait selon lui pour la postérité. Un discours que ne comprend pas le héros du film, ancré dans la simplicité des rapports humains et foncièrement gentil.

De cette incompréhension naîtra une escalade d'incidents de plus en plus glauques.

Les trois rôles principaux brilamment interprétés par Colin Farrell, Brendan Gleeson et Kerry Cender sont entourés d'excellents seconds rôles comme l'épicière intrusive de l'île, le policier violent ou son fiston Dominique, un peu perdu.

Sur ce territoire avec fonds de guerre civile irlandaise, les caractères bien trempés s'échauffent, l'alcool aidant. Des  drames couvent, prédits par la sorcière. Un espace qui devient de plus en plus intenable pour les personnages féminins qui se réfugient dans la lecture.

Avec un titre à coucher dehors, ces "Banshees d'Inisherin" laissent une empreinte indélébile à tous ceux qui plongent avec eux dans cet "entre deux mondes" propre aux îliens, qui plus est celtique !

Un voyage à couper le souffle au plus profond des êtres et des paysages à la fin de la guerre civile irlandaise.

A ne pas manquer en ce début d'année .