mardi 18 juillet 2023

"L'histoire interdite" ?

"Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie". Cette citation d'Albert Londres, référence incontournable pour tout journaliste qui se respecte, pourrait s'appliquer comme un gant à l'enquête menée par la jeune pigiste Inès Léraud dans les côtes d'Armor, suite à des morts suspectes d'humains et d'animaux. Dans un environnement hautement sulfureux : celui des concentrations d'algues vertes en putréfaction dégageant du gaz H2S hautement toxique. Une problèmatique qui a été soulevée dans cet environnement précis depuis 1971 !

DR
Adapté d'une bande dessinée, ce thriller de Pierre Jolivet et Céline Salette sort aux prémisses de la période estivale malgré les pressions du tout puissant milieu de l'agro-alimentaire, de la F.N.S.E.A., et des enjeux touristiques d'autre part. Les subventions régionales pour le film avaient d'ailleurs pris du retard.

Cette enquête menée sur le terrain , "vent debout" comme disent les bretons prouve à quel point la détermination sans faille avance tel un rouleau compresseur surtout quand la cause est juste. Malgré menaces de mort et sabotages en tout genre.

De l'arrivée de la jeune journaliste en Bretagne, qui déboule tel un chien dans un jeu de quilles dans la maison de famille d'une amie, au procès final, toutes les étapes sont décrites ; malgré quelques lenteurs de rythme, ce lourd dossier tiré de faits réels est décortiqué à la loupe, témoignages divers et variés à l'appui, avec précision et rigueur journalistique, sans pour autant devenir indigeste. Instruire en s'amusant, tel était l'état d'esprit à la conception de la B.D. d'origine, dans le trationnel  "Docere,  movere, placere".

Petit à petit, la jeune pigiste, aidée de bretons courageux et lucides s'attaque à ce qui est convenu d'appeler "la fabrique du silence" et brise l'Omerta provoquée par la peur de tous ceux qui travaillent de près ou de loin dans le domaine agro-alimentaire. La fin du film nous apportera un éclairage supplémentaire sur sa détermination sans faille quasi viscérale pour réhabiliter une famille victime face à des professionnels qui n'en sont pas puisqu'ils n'ont pas pris le soin de protéger à minima leurs employés corvéables à merci.

Un dossier qui espère-t-on fera jurisprudence dans la protection des risques professionnels, quelqu'ils soient, dans quelque domaine que ce soit. Des actions de sensibilisation au grand public ont déjà vu le jour sur le rivage de Moëlan-sur-mer à la sortie du film.

A voir, pour que les mêmes causes ne produisent pas inéluctablement les mêmes effets, surtout quand il est si difficile de s'attaquer aux causes !




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire