mardi 13 novembre 2018

La poésie sauvera-t-elle le monde ?

Révélation dernièrement à l'écoute d'un poème glané sur une onde de radio matinale :
" Pourquoi j'écris". Coup de foudre poétique assuré. Il s'agit  d'une rencontre poétique miraculeuse comme il en arrive rarement. Lorsque l'auteur interviewée, jusque là inconnue à mes oreilles,  explique que l'un de ses poètes préférés n'est autre que le nantais René- Guy- Cadou, mon sang ne fait qu'un tour !
Les mêmes causes engendrant, qui sait, les mêmes émotions ?
Impossible de retrouver ensuite ce poème sur la toile, avant de s'empresser d'acheter le dernier recueil de cette fée clochette : Cécile Coulon.
" Les ronces ", son dernier recueil de poésie vient de remporter le prix Guillaume Apollinaire .
Apparemment aussi douée pour les romans, que pour les nouvelles , elle a abordé plus tardivement la poésie, quand elle a découvert qu'elle pouvait aussi être un espace illimité de liberté. Sans rime imposée.
Cette jeune clermontoise brillante, espiègle touche au cœur avec des sujets ordinaires, parfois enfantins comme dans " Pourquoi j'écris " où elle évoque, l'agriculteur, l'infirmière , tous ces gens de l'ombre qui font la sève de l'humanité.
Un deuxième poème , intitulé : " Ma force " vient raviver cette étincelle du jour.
La poésie a décidément bien de l'avenir, la jeune clermontoise aussi, qui nous trace le sillon de la fraîcheur, de la profondeur et de l'espoir. En toute simplicité.
Merci Apollinaire pour ce prix ! https://www.castorastral.com/livre/les-ronces/

dimanche 4 novembre 2018

Le grand bain : seconds rôles à la Une !

Avec leurs yeux de chiens battus, leur physique de vieux jeunes pas vraiment aux normes, ils cartonnent tous dans cette comédie tragico-comique : tous dans le même bain !
 Alchimie détonante pour cette brochette d'amis de Gilles Lellouche qui dirige cette fois-ci, entre autre, Guillaume Canet, alors que ce dernier le dirigeait dans " les petits mouchoirs ".
Pas vraiment un bain de jouvence pour nos attachants " loosers de service "  au départ, ce " grand bain ",  mais deux heures de bon cinéma français pour un mois de novembre où il fait bon rire un peu , parfois, pour ne pas pleurer. Changement d'heure oblige !
Cette bande improbable d'écorchés vifs pour la plupart se retrouve autour d'un programme aussi atypique qu'eux : la natation masculine synchronisée. Il fallait oser ! Et les deux " coaches " féminines, diamétralement opposées, ne manquent pas de panache pour mener tout ce petit monde à la baguette. Magique !
Gilles Lellouche réussit le pari fou de décrire d'une manière aussi décalée que fantaisiste les affres de la dépression , masquée ou pas, de ses nageurs abîmés par la vie et ses impératifs de performance ainsi dénoncés en filigrane.
Bertrand, Marcus, Laurent, Simon viennent tous de milieux très différents mais se retrouvent au bord de la piscine pour vivre une aventure quasi initiatique qui les mènera au bout d'eux-mêmes, en Norvège. Même si la presse ne leur apporte à leur retour  la reconnaissance légitime, il s'agira pour eux de recouvrer une reconnaissance bien plus essentielle : celle d'eux-mêmes d'abord et de tous ceux qui les aiment pour ce qu'ils sont et non ce qu'ils devraient être. A ce sujet, l'échange musclé entre les deux sœurs ( Marina Foïs , épouse pour le meilleur et surtout le pire de Mathieu Amalric )  au supermarché reste jubilatoire !
Parions que tous ces brillants seconds rôles rafleront une majorité de Césars pour leur émouvante prestation. A se demander parfois  s'ils jouent vraiment, dans cette savoureuse et poétique comédie ?
Rare fois en tous cas où l'avis des critiques semble s'accorder avec celui du grand public .
Un signe en tous cas de bonne augure .

Avec Philippe Katerine en chanteur déjanté.
Benoît Poelvoorde, inénarrable vendeur de piscines proche du dépôt de bilan
Jean-Luc Anglade en musicien cuisinier de cantine non reconnu
Mathieu Amalric en burn out
Alban Ivanov
Virginie Efira
Leïla Bekhti



dimanche 14 octobre 2018

"DILILI A PARIS" : RESPECT !

Née métisse, " café au lait ", la nouvelle héroïne de Michel Ocelot n'est jamais à sa place : mal perçue chez les Kanak et mal perçue chez les français, elle tente de trouver sa place , entre préjugés imbéciles de la bonne société et son institutrice hors du commun : Louise Michel.
Après avoir été " observée à la loupe " comme dans un zoo, dans la reconstitution d'un village d'indigènes dans le Paris du début du siècle, par les parisiens bien-pensants,  elle décide à son tour d'aller les observer,  pourtant haute comme trois pommes !
Secondée par son ami au triporteur , armée de son extrême politesse et de son langage châtié, elle mènera l'enquête policière : remonter jusqu'aux " mâles-maîtres " d'une puissante secte avec,à sa tête, un haut fonctionnaire véreux pour sauver les petites filles et femmes enlevées, destinées à les servir.
Telle est la trame de l'histoire.
Avec des reconstitutions photographiques superbes où Paris est magnifié, les enfants découvriront au passage tout un chapelet de personnalités artistiques hautes en couleur, de Debussy à Proust en passant par Toulouse-Lautrec , Pasteur et Marie Curie ou Sarah Bernhard.
Les enfants seront servis avec ce film à messages, éminemment engagé, même si parfois un peu trop " pédagogique" . Soit.
Mais qui pourrait reprocher à un réalisateur de familiariser un gamin de dix ans avec Proust ou  Marie Curie ? Quel  haut respect en tous cas pour le cerveau de nos enfants que de leur présenter une telle pépite !
C'est Noël avant Noël pour eux avec cette heure trente féerique, tant sur le plan esthétique qu'historique ou culturel.
Le tour de force de ce réalisateur de 74 ans, soucieux de transmettre l'essentiel à ceux qui lui succéderont, consiste à unir à sa cause tous les adultes qui trouveront dans cette promenade parfois périlleuse à Paris bien des grilles de lecture complémentaires et essentielles.
Une véritable  " embellie " de taille dans le ciel d'inepties servies à toutes les sauces aux enfants, plus pris pour des apprentis consommateurs que des penseurs en devenir.
A ne pas rater, quelque soit son âge, car l'essentiel est ailleurs.
De quoi se réconcilier avec l'avenir réservé à nos enfants !


vendredi 28 septembre 2018

L'Eure de septembre.

Photo Hélène Samzun-Dehaspe
Les tipis boisés flottent à l'envers,
Le long de l'Alzon.
Dans la rivière se mirent les bouleaux,
A peine jaunissants.
Passé l'été, les feuillages rouillent ,
Avant leur trêve hivernale.
L'Eure de septembre chemine,
D ' Uzès à Nîmes,
Dans le silence de sa vallée.
Nulle âme en cette enclave,
Hors du temps.
Le neuvième mois à son apogée  :
C'est le gagnant de l'année.
" Carpe Diem"
et qui vivra verra ...en ce 28 septembre .

Sur le même thème, texte d'un panetier-poète :

Bouleaux, peupliers soyez fiers !
L'eau de la rivière vous reflète,
Si le bleu du ciel vous est cher,
Peupliers, bientôt la vie s'arrête.

Bouleaux, pourquoi jaunir ?
Qu'ai-je pensé qui vous fait frémir ?
Est-ce la bise qui vous ondoie ?
Avez-vous feuilles ou plumes d'oie ?

Bouleaux et peupliers, voyez,
Cette eau et ce long sentier !
Depuis vos racines vous observent,

Pour l'adieu de vos feuilles et de ma verve. 




mardi 25 septembre 2018

Les casseroles des vieilles canailles !

N'en déplaisent aux critiques pisse-vinaigre, l'adaptation de B.D au cinéma dans " Les vieux fourneaux " de Christophe Duthuron  tient bon la rampe : trois vieilles canailles, amis d'enfance se retrouvent à l'enterrement de Lucette, la femme d'Antoine ( Roland Giraud ). Fraîchement veuf , l'ancien syndicaliste, se retrouve avec Emile ( Eddy Mitchell ), et l'anarchiste Pierrot ( Pierre Richard) . Ils incarnent efficacement les personnages de B.D, précédés, bien évidemment, de leur  notoriété  d'acteurs non usurpée.
A la mort de sa femme, Antoine découvre  dans une lettre les liaisons de sa brave Lucette avec le patron d'une usine d'anti-dépresseurs à Moissac dans le Tarn  : son sang ne fait qu'un tour et il décide d'aller régler ses comptes au patronat, cinquante ans plus tard, en Toscane.
Si la première partie démarre au quart de tour, et que nos trois  " vieux beaux " gardent encore leur cœur bien accroché, la chute de l'histoire ( car l'intrigue existe, même si parfois téléphonée ) sauve un peu l' essoufflement du rythme de la seconde partie.
Dérision oblige, on sourit volontiers face à  l'énergie déployée par ces " seniors ", un peu trop prompts à oublier  leurs casseroles ! C'est sans compter la sagacité de la jeune petite fille d'Antoine,
enceinte jusqu'aux dents dont je ne sais qui, qui réactivera certaines mémoires endormies ; marionnettiste de son état, son savoir-faire artistique apportera la touche poétique et finale à cet épineux règlement de comptes à rebours.
C'est la petite fille d'Antoine, Sophie ( Alice Pol, étonnante ) qui tente de maîtriser tant bien que mal tout ce petit monde débordant d'énergie.
A noter la profondeur du rôle joué  pendant l'occupation de Myriam Boyer , mise à l'écart et surnommée à tort " Poulboche " : ce bouc émissaire permettra  pourtant la rédemption - certes  tardive - de ces trois drôles de zèbres. Qui l'eût cru ?
Un film qui donne envie de vieillir le plus longtemps possible ! A défaut de mourir de rire.