lundi 30 octobre 2023

Le poète a dit la vérité mais il ne faudra pas l'exécuter !

 A l'heure de l'inauguration de la Cité Internationale de la Langue Française au château de Villers-Cotterêts, cette interview très locale  pour ne pas dire " viscinale " de Bigorre ,  d'un normand de naissance, amoureux de la langue française, poète à ses heures et panetier de son état :

Bonjour ainsi tu es poète ?

Oui, Dieu m'a fait ainsi, dans une difficulté à aimer les maths et avec une certaine aisance pour jouer avec les mots.

Est-ce depuis longtemps ?

Depuis mon enfance, je suis né dans une ferme et la poésie poussait d'elle même, la nature en regorge. Je ne faisais que la capter, la respirer avant de la restituer avec mon coeur, ma tête et mes sens.

Tes parents étaient férus de poésie ?

Ils étaient laborieux, tous deux les mains caleuses et le verbe paysan parfois patois et de bonne éducation chrétienne.

Ils t'ont initié aux travaux de la ferme ?

Certes oui, je passais du champ à l'étable, du verger au poulailler, je savais imiter le chant des animaux et je vibrais de tous mes pores à chaque merveille de la création, les ordinateurs n’existaient pas, aucune image artificielle ne ternissait mon âme...

Comment devient-on poète  ?

On devient poète si l'on est un rêveur, un penseur, un amoureux d'une langue et si possible un amoureux du "verbe fait chair".
Il faut avoir vécu dans du beau ou du laid, baigné dans l'amour ou dans le mépris.
Il faut avoir tué la rancœur dans le pardon des larmes ou être compatissant à la souffrance de nos semblables.
Il faut un esprit rieur allié à un cœur bon, il faut un peu d'instruction ou bien un bel esprit curieux, espiègle sans doute.

Inné ou acquis ?

Inné parce que c'est un don divin : certains sont diplomates, d'autres poètes, d'autres sont des chefs, d'autres encore comptables.
Acquis ? oh non rien ne l'est ici bas !
Le poète orgueilleux vit avec une épée sur la tête, l'a v c ou l’Alzheimer le guette.
Le poète trop sérieux se dessèche sous les lampadaires de l’embourgeoisement.
Le poète plagiaire finit par se détester face à son miroir.
Le poète isolé de toutes relations humaines ne voit plus que sa propre laideur, ses mots sont des maux.
On ne peut pas acquérir des vers comme on acquiert de l'argent, il faut savoir être canal du bien comme le sourcier qui sonde les veines souterraines.
Attention cependant de livrer son âme au vrai Dieu et non pas à son singe qui est le diable !

Comment définirais-tu la poésie ?

La poésie, la vraie, se compte en pieds, en alexandrins.
C'est la véritable poésie, sculptée dans l'épaisseur de notre langue française, qui est elle-même enracinée dans la langue latine.
Cet art là existe peu aujourd'hui car une conception moderne de la poésie a, pour le moment, supplanté l'originale.
Il suffit à présent de monter un canevas de mots plus ou moins cohérents avec des rimes pour fabriquer de la poésie moderne comme on fabrique de l'art pictural avec un gribouillis de couleur.
Néanmoins, le poète libre du XXI e siècle doit apporter une certaine fraîcheur à l'intelligence de son lecteur pour prétendre à un art certain.

Que t'apporte-t-elle ?

Personnellement, j'accouche ma pensée irriguée par mon coeur, je livre un peu de mon âme heureuse ou triste à celui qui voudra me lire.
Je noircis une page avec tous les mots qui m'habitent à un instant T parce qu'un sentiment aura produit cela en mon for intérieur.
Comme je ne peux pas livrer cela dans le langage banal de la vie quotidienne, je grave une poésie à la manière d'une épitaphe sur le granit d'une tombe.
J'ai envie de donner quelque chose à un lecteur potentiel et c'est tout.
A part ça, je n'aime pas les retours sur moi comme on n' aime pas entendre sa voix dans un enregistrement.

Petit discours francophile


Sous le soleil pâle d'automne,
Mots choisis pour une occasion,
Excepté celui de Cambronne,
Par eux, je livre mon émotion.

Tendres enveloppés de fleurs,
Fermes appuyés sur une racine,
Drôles, sortants à la bonne heure,
Serrés comme dans une boite de sardines.

Vous ne les aimez pas politiques,
Vous les aimerez autrement,
Chantant en bouquets poétiques,
Servis avec un verre de crémant.

Qu'allons nous faire de notre langue ?
Si raffinée, courtoise et conquérante,
Même si notre beau bateau tangue,
Elle ne devra jamais être dormante.

Les mots engagent toutes nos actions,
Ils s'ajustent dans notre labeur quotidien.
Les mots permettent à nos relations,
D'apporter la paix à notre méridien.

Il a fallu pour cela que le verbe s'incarne,
Dans notre pauvre chair désorientée,
Voulant éviter que notre âme se damne,
Notre Sauveur mort fut ressuscité.

M.L.

 






lundi 23 octobre 2023

Des cours d'empathie à l'école ?

A observer la montée de la violence dans les rapports humains, que ce soit dans le cadre de l'école, ou dans la société tout entière, l'heure des cours d'empathie a sonné. Au plus haut niveau de l'Etat, des réflexions suivies d'actions ciblées sont menées pour s'attaquer aux racines du mal. Déjà, des cours de philosophie sont mis en place ici et là, au sein même des petites classes pour tenter d' apprendre aux enfants le discernement et l'esprit critique dans un cadre très structuré. Histoire peut-être d'échapper plus tard à toute forme d'emprise, qu'elle soit intime ou sectaire ? Ou du moins à réfléchir par soi-même ? Quelques volontaires ont donc mis en place, dans les classes de maternelles ces fameux cours d'empathie qui consistent à développer l'altérité chez l'enfant. Petit exercice basique : dans des duos, un élève masse doucement le dos de son petit collègue. Un enfant massé par son congénère serait moins enclin à la violence verbale en cours de récré ensuite, voire à la violence physique. La parole circulant ainsi plus librement, les relations deviennent plus fluides. Il est cependant consternant que deux notions aussi élémentaires que la saine communication et l'empathie doivent désormais s'apprendre à l'école alors qu'elles devraient être au coeur de toute vie familiale ? A se demander quel rôle éducatif jouent réellement les parents ? A déléguer leurs responsabilités ? Arrivé à ce degré zéro de transmission, peut-être serait-il encore temps de se référer à l'éthologie et ses cours de comportementalisme animal pour prendre exemple ? Observer dans la nature la manière dont les animaux protégent d'abord leur progéniture, et leur apprennent tout simplement à vivre et à bien se défendre. Le mimétisme restant au départ la manière la plus simple d'apprendre, pour le meilleur...ou pour le pire. Une fois de plus, le monde à l'envers .

jeudi 24 août 2023

De l'altérité climatique !

"La maison brûle et nous regardons ailleurs" :reste une citation phare d'un ancien président  apprécié des corréziens en matière d'environnement.
Les trois-quarts de la France qui subissent les aléas climatiques hors norme d'une fin de saison estivale peuvent profiter aussi accessoirement de certains avantages collatéraux. A commencer par l'attention ainsi déployée envers les plus sensibles et la communication à ce sujet n'est pas en reste.
Sans doute a-t-on appris des erreurs de la canicule 2003 où la désinvolture générale avait occasionné de nombreuses victimes, livrées à elles-mêmes.
A choisir dans une situation pareille, trop de communication vaut sans doute mieux que l'indifférence, combat si cher à la chanson phare de  Gilbert Bécaud ?
Une petite attention, un simple texto à des personnes isolées - ou pas - ne fera jamais de mal même si les capacités d'adaptation et la responsabilision personnelle sont de mise. Peut-être est-ce ce qu'on appelle le sentiment d'"altérité" ? Sans pour autant sombrer dans le paternalisme déplacé et dépassé.
Toujours est-il que ces aléas permettront par exemple aux marseillais ou aux alésiens d'avoir accès gratuit aux piscines municipales ! Les avantages des inconvénients en quelque sorte.
 L'occasion en tout cas de comprendre que chacun est différent et réagira par conséquence différemment aux agressions extérieures, selon son ADN et ses expériences.

jeudi 27 juillet 2023

LITANIE EN LITUANIE ?

Petit emprunt au titre d'une chanson pas vraiment douce si bien interprétée par Jane Birkin, en hommage au triste anniversaire du décés de Marie Trintignan il y a vingt ans à Vilnius en Lituanie. Lors d'un tournage pour un film sur Colette , l'effroyable dispute entre le bordelais du groupe Noir Désir, Bertrand Cantat et la fille de Jean-louis Trintignant tournait au drame absolu. Un intolérable fait divers qui dans son horreur a eu le mérite de mettre en lumière la notion de féminicide, d'emprise relationnelle dans les couples dysfonctionnels, qu'ils soient de milieux ordinaires ou extraordinaires. La mécanique implacable restant toujours immuable sur dominant(e) et dominé(e). Puisse cette triste date anniversaire alerter sur l'urgence absolue d'éduquer les enfants au respect de l'autre sexe. Il s'avère que des études montrent à quel point certaines mères véhiculent inconsciemment ou pas à leurs garçons de mauvais comportements, en laissant faire ce qu'elles interdisent à leurs propres filles. Une discrimination qu'elles reproduiraient le plus souvent à l'aveuglette. En prendre conscience serait peut-être un premier pas ? Quant au pardon, à un chanteur qui a pu continuer honorablement sa carrière, il s'agit encore d'un autre débat hautement sensible. Pour Marie Trintignant, sa voix s'est tue à jamais. Paix à son âme fracassée.

mardi 18 juillet 2023

"L'histoire interdite" ?

"Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie". Cette citation d'Albert Londres, référence incontournable pour tout journaliste qui se respecte, pourrait s'appliquer comme un gant à l'enquête menée par la jeune pigiste Inès Léraud dans les côtes d'Armor, suite à des morts suspectes d'humains et d'animaux. Dans un environnement hautement sulfureux : celui des concentrations d'algues vertes en putréfaction dégageant du gaz H2S hautement toxique. Une problèmatique qui a été soulevée dans cet environnement précis depuis 1971 !

DR
Adapté d'une bande dessinée, ce thriller de Pierre Jolivet et Céline Salette sort aux prémisses de la période estivale malgré les pressions du tout puissant milieu de l'agro-alimentaire, de la F.N.S.E.A., et des enjeux touristiques d'autre part. Les subventions régionales pour le film avaient d'ailleurs pris du retard.

Cette enquête menée sur le terrain , "vent debout" comme disent les bretons prouve à quel point la détermination sans faille avance tel un rouleau compresseur surtout quand la cause est juste. Malgré menaces de mort et sabotages en tout genre.

De l'arrivée de la jeune journaliste en Bretagne, qui déboule tel un chien dans un jeu de quilles dans la maison de famille d'une amie, au procès final, toutes les étapes sont décrites ; malgré quelques lenteurs de rythme, ce lourd dossier tiré de faits réels est décortiqué à la loupe, témoignages divers et variés à l'appui, avec précision et rigueur journalistique, sans pour autant devenir indigeste. Instruire en s'amusant, tel était l'état d'esprit à la conception de la B.D. d'origine, dans le trationnel  "Docere,  movere, placere".

Petit à petit, la jeune pigiste, aidée de bretons courageux et lucides s'attaque à ce qui est convenu d'appeler "la fabrique du silence" et brise l'Omerta provoquée par la peur de tous ceux qui travaillent de près ou de loin dans le domaine agro-alimentaire. La fin du film nous apportera un éclairage supplémentaire sur sa détermination sans faille quasi viscérale pour réhabiliter une famille victime face à des professionnels qui n'en sont pas puisqu'ils n'ont pas pris le soin de protéger à minima leurs employés corvéables à merci.

Un dossier qui espère-t-on fera jurisprudence dans la protection des risques professionnels, quelqu'ils soient, dans quelque domaine que ce soit. Des actions de sensibilisation au grand public ont déjà vu le jour sur le rivage de Moëlan-sur-mer à la sortie du film.

A voir, pour que les mêmes causes ne produisent pas inéluctablement les mêmes effets, surtout quand il est si difficile de s'attaquer aux causes !