Avant même que le nouveau film de Bruno Podalydès ne sorte au festival du film romantique de Cabourg, la polémique enflait déjà autour de ce que les régionalistes bretons interprètent comme une " injure à nos grand-mères bretonnes ainsi caricaturées " qui migraient à Paris dans les familles bourgeoises souvent condescendantes avec elles. Pour ne pas dire parfois méprisantes. D'où les policiers présents devant les projections de salles à Rennes ou Brest.
Une fière indignation bretonne souvent viscérale, que le subtil réalisateur de " Comme un avion " ou " Liberté-Oléron " tente de réguler : il défend l'aspect ingénieux et optimiste de cette bonne âme dont la naïveté non feinte permettra pourtant de faire bouger bien des lignes.
Un peu dans le sens : " ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait "...
Le personnage de B.D. ( qui n'avait pas de bouche à l'époque ) crée par Jacqueline Rivière, rédactrice en chef du " journal de Suzette " et le dessinateur Emile Joseph Porphyre Pichon, en aura connu des transformations au fil du siècle !
Inspiré au départ d'une maladroite gouvernante, en 1913, le personnage devient Anaïk Labornez, finistérienne ; il a grandi et volé de ses propres ailes à la manière de Tintin de Hergé, même si plus proche de Marie-Poppins dans l'esprit.
L'actrice Emeline BAYART remplace ici Muriel ROBIN, dans le premier " Bécassine, le trésor Viking " de Philippe Vidal ( 2001 ) qui évoquait un autre épisode rocambolesque, situé à Paris.
RE-CREATION
Bruno Podalydès a " re-créé " une histoire à partir des trente albums de B.D. Elle débute quand la petite bretonne perd une dent et la cache sous son oreiller ...Son oncle Corentin, chasseur, l'aidera ainsi à croire en ses rêves en la transformant en graine d'arbre bleu ! Départ ensuite sur la départementale 17 de " Clocher les Bécasses ", pour Paris qu'elle ne rejoindra pas ! C'était sans compter la rencontre avec la Marquise du Grand Air dans sa voiture en panne !
Belle distribution de rôles pour ce second film dont " Bécassine " reste l’héroïne, avec la fantasque Karine VIART en " Hermine, Marquise du grand air " qui vient d'adopter la petite Loulotte ( Diminutif de Louise-Charlotte ) et à laquelle notre Bécassine de service s'attachera toute sa vie. Josiane Balasko en Madame Châtaigne vaut son pesant d'or !
Quant au marionnettiste grec, le frère de Podalydès, s'il divertit les habitants du Château, les ruine ensuite, il leur réserve aussi bien des surprises in fine.
Tout l'intérêt de cette comédie, déjà polémique avant sa sortie, mais jamais vulgaire, jamais violente et infiniment poétique provient du fait de ses multiples grilles de lectures, un peu à la manière des contes. Les contes de la Bécasse de Maupassant, qui sait ?
Que l'on ait 7 ou 100 ans, voire plus, que l'on soit breton ou pas, de souche ou d'adoption, chacun y puisera ce qu'il voudra ou pourra !
Avec esprit de réconciliation ? qui sait ?
L'histoire nous le dira sûrement...même si la pub induite par la polémique bretonne, n'a même pas profité au box-office de cette première semaine de sortie. Peu importe.
Mais l'essentiel reste ailleurs, à la manière d'Antoine de St Saint-Exupéry...
Jeux d'écritures. Billets d'humeurs. Éditos. Conseils en écriture. Écriture créative etc...
dimanche 24 juin 2018
vendredi 22 juin 2018
Recyclage !
Rattrapé de justesse avant sa destination promise à la poubelle, deuxième vie donc, pour le poème d'un boulanger...atypique , qui pédale parfois dans la choucroute !
" C'est pas vrai " !
C'est pas l'équilibriste qui sait
C'est pas le cycliste qui peut.
Ce n'est pas " c'est pas " qu'on dit !
C'est pas au scientifique de ramener sa science !
C'est pas vrai !
C'est pas comme ça que ça s'est passé !
C'est bien ce qu'on a vu mais ce n'est pas ce qu'il fallait voir .
L'intention était invisible à vos yeux .
L'équilibriste était fatigué et son corps est tombé .
Le cycliste était sous pression et ses nerfs ont lâché .
J'ai vu leur cœur et tous les deux ont pleuré .
Le médecin n'a rien compris s'il n'a pas aimé .
" C'est pas vrai " !
C'est pas l'équilibriste qui sait
C'est pas le cycliste qui peut.
Ce n'est pas " c'est pas " qu'on dit !
C'est pas au scientifique de ramener sa science !
C'est pas vrai !
C'est pas comme ça que ça s'est passé !
C'est bien ce qu'on a vu mais ce n'est pas ce qu'il fallait voir .
L'intention était invisible à vos yeux .
L'équilibriste était fatigué et son corps est tombé .
Le cycliste était sous pression et ses nerfs ont lâché .
J'ai vu leur cœur et tous les deux ont pleuré .
Le médecin n'a rien compris s'il n'a pas aimé .
mercredi 20 juin 2018
" Manu manu rêva" ...
Cet air, de circonstance, d'Alain Chamfort résonne parfois à son insu en correspondance aux aléas...
Pour n'avoir pas su garder la bonne distance, un petit collégien, au pire, pour faire le malin, au mieux par ignorance, s'est drôlement fait remonter les bretelles par le chef des armées, qui plus est !
Question d'échelle de valeurs : le liliputien face au géant ? Ne parlons pas d'ogre pour autant.
Mais y-a-t-il eu insulte ? Même pas. Petit rappel à l'ordre de la haute fonction. Soit.
On est loin du jeune détrousseur de poche à qui un ex-ministre de la justice avait mis une claque, presque machinalement.
Puisse donc ce nouveau péché véniel ne pas faire le tour du monde pour autant !
Histoire de garder la mesure.
De là à apprendre à ce jeune collégien que seuls les diplômes permettraient à quiconque de " faire la révolution " -sic- il y a un pas... de sept lieues bien vite franchi ici !
" Vérité au deçà des Pyrénées, erreur en delà ", se rappelle-t-on de nos cours de français, très secondaires. Excusez du niveau pascalien !
Quand les étudiants américains sont invités outre-atlantique à transgresser les codes pour " réussir ", le maladroit collégien, singeant le style " copain-copain ", sera la risée de tous. C'est cher payé.
Instrumentalisation oblige.
Reste à savoir, qui, entre le liliputien et le géant, s'est réellement montré le plus mal-à-droit(e) ?
Pour n'avoir pas su garder la bonne distance, un petit collégien, au pire, pour faire le malin, au mieux par ignorance, s'est drôlement fait remonter les bretelles par le chef des armées, qui plus est !
Question d'échelle de valeurs : le liliputien face au géant ? Ne parlons pas d'ogre pour autant.
Mais y-a-t-il eu insulte ? Même pas. Petit rappel à l'ordre de la haute fonction. Soit.
On est loin du jeune détrousseur de poche à qui un ex-ministre de la justice avait mis une claque, presque machinalement.
Puisse donc ce nouveau péché véniel ne pas faire le tour du monde pour autant !
Histoire de garder la mesure.
De là à apprendre à ce jeune collégien que seuls les diplômes permettraient à quiconque de " faire la révolution " -sic- il y a un pas... de sept lieues bien vite franchi ici !
" Vérité au deçà des Pyrénées, erreur en delà ", se rappelle-t-on de nos cours de français, très secondaires. Excusez du niveau pascalien !
Quand les étudiants américains sont invités outre-atlantique à transgresser les codes pour " réussir ", le maladroit collégien, singeant le style " copain-copain ", sera la risée de tous. C'est cher payé.
Instrumentalisation oblige.
Reste à savoir, qui, entre le liliputien et le géant, s'est réellement montré le plus mal-à-droit(e) ?
samedi 26 mai 2018
" La surface de réparation "
Les réalisateurs François Prévôy-Leygonie et Stéphane Archinard ont volontairement changé le titre - pourtant doublement évocateur - du livre d'Alain Gillot dont est tiré le film : " Monsieur je sais tout ", histoire d'élargir le sujet à l'universel.
Ainsi les thèmes de prédilection des réalisateurs, filiation et transmission, sont largement sublimés.
Pari réussi, donc, pour cette histoire de famille à réparer sur décor rochelais, cette fois!
Le premier plan du film débute par un pont, interminable : celui qui relie l'île de Ré à la Rochelle, avec Arnaud Ducret qui court après sans doute le sens qu'il cherche à sa vie ?
Le duo entre ce trentenaire géant un brin macho et son neveu providentiel et chétif souffrant du syndrome d'asperger fonctionne d'emblée, même si la recette est un peu facile.
Adaptation touchante de cette " surface de réparation " qui réussit le tour de force d'apporter la légèreté appropriée à un thème d'une profondeur abyssale et bien souvent insondable !
Châpeau bas au jeune Max Baissette de Malglaive que l'on croirait sincèrement autiste tant son jeu reste bluffant de réalisme.
Chacun abandonnant au fil de l'histoire ses préjugés et chacun permettant à l'autre de grandir à sa manière en trouvant sa vraie place. Assurèment pas celle de l'hôpital psy de La Rochelle !
A ne pas manquer pour ce nouveau regard rafraîchissant sur la différence et l'ouverture d'esprit qui relie les êtres, comme une île charentaise à son continent.
Un pont entre deux rives en quelque sorte : entre des générations qui s'étaient perdues.
De quoi retrouver le fil.
Ainsi les thèmes de prédilection des réalisateurs, filiation et transmission, sont largement sublimés.
Pari réussi, donc, pour cette histoire de famille à réparer sur décor rochelais, cette fois!
Le premier plan du film débute par un pont, interminable : celui qui relie l'île de Ré à la Rochelle, avec Arnaud Ducret qui court après sans doute le sens qu'il cherche à sa vie ?
Le duo entre ce trentenaire géant un brin macho et son neveu providentiel et chétif souffrant du syndrome d'asperger fonctionne d'emblée, même si la recette est un peu facile.
Adaptation touchante de cette " surface de réparation " qui réussit le tour de force d'apporter la légèreté appropriée à un thème d'une profondeur abyssale et bien souvent insondable !
Châpeau bas au jeune Max Baissette de Malglaive que l'on croirait sincèrement autiste tant son jeu reste bluffant de réalisme.
Chacun abandonnant au fil de l'histoire ses préjugés et chacun permettant à l'autre de grandir à sa manière en trouvant sa vraie place. Assurèment pas celle de l'hôpital psy de La Rochelle !
A ne pas manquer pour ce nouveau regard rafraîchissant sur la différence et l'ouverture d'esprit qui relie les êtres, comme une île charentaise à son continent.
Un pont entre deux rives en quelque sorte : entre des générations qui s'étaient perdues.
De quoi retrouver le fil.
mercredi 2 mai 2018
" Mes provinciales "
" Le soleil de la mélancolie "
Belle découverte en ce début mai avec la sortie du neuvième film de Jean-Paul CIVEYRAC, dont le
parti pris du noir et blanc ajoute à l'intemporalité du sujet.
En plusieurs tableaux, sont dépeintes les métamorphoses de trois jeunes provinciaux venus de Bordeaux, Lyon ou Poitiers à la capitale pour tenter de devenir ce qu'ils voudraient être : réalisateurs.
Le titre, en clin d’œil à l'oeuvre de Pascal, nous plonge dans le débat éternel ou universel des créateurs : exigence janséniste comme Mathias, sans concession, contre " petits arrangements entre amis " à la jésuite, que dénonce avec véhémence Annabelle ( Sophie Verbeeck ) en mettant son ami Etienne face à ses paradoxes. De la théorie rêvée à la pratique décalée, des paroles aux actes non accordés. Eternel débat.
Sur fond de Bach, Novalis, Flaubert ou Gérard de Nerval, nous est conté le lent travail de maturation artistique pour devenir soi. On pourrait penser aussi à " la mofication "de Butor, dans la lente construction d'une nouvelle identité. Les plans souvent esthétisants d'un Paris idéal pour l'accomplissement artistique tranchent cependant avec la violence intérieure des tourments et des affres de création.
Si les sonneries des smartphones, les allusions aux " Pussy Riots " ou autre campagne de Macron ne surgissaient pas par fulgurances, on pourrait facilement se croire dans le Paris des années 70, tant le sujet de l'apprentissage, dans la douleur parfois, l’indolence souvent voire l'illumination reste éternel.
Les dialogues entre les protagonistes sont saisissants de pertinence et de profondeur pour toucher chacun de nous aux questionnements les plus enfouis. voire parfois les plus intimes.
Un long film, de plus de deux heures certes, qui nous promène dans le temps et l'espace de la genèse de la création artistique et de sa transmission.
Pour tous les amoureux du cinéma, de la musique, et de la nécessité artistique dont l'élan vital et créateur sont prodigieusement retranscrits.
A ne pas manquer !
Belle découverte en ce début mai avec la sortie du neuvième film de Jean-Paul CIVEYRAC, dont le
parti pris du noir et blanc ajoute à l'intemporalité du sujet.
En plusieurs tableaux, sont dépeintes les métamorphoses de trois jeunes provinciaux venus de Bordeaux, Lyon ou Poitiers à la capitale pour tenter de devenir ce qu'ils voudraient être : réalisateurs.
Le titre, en clin d’œil à l'oeuvre de Pascal, nous plonge dans le débat éternel ou universel des créateurs : exigence janséniste comme Mathias, sans concession, contre " petits arrangements entre amis " à la jésuite, que dénonce avec véhémence Annabelle ( Sophie Verbeeck ) en mettant son ami Etienne face à ses paradoxes. De la théorie rêvée à la pratique décalée, des paroles aux actes non accordés. Eternel débat.
Sur fond de Bach, Novalis, Flaubert ou Gérard de Nerval, nous est conté le lent travail de maturation artistique pour devenir soi. On pourrait penser aussi à " la mofication "de Butor, dans la lente construction d'une nouvelle identité. Les plans souvent esthétisants d'un Paris idéal pour l'accomplissement artistique tranchent cependant avec la violence intérieure des tourments et des affres de création.
Si les sonneries des smartphones, les allusions aux " Pussy Riots " ou autre campagne de Macron ne surgissaient pas par fulgurances, on pourrait facilement se croire dans le Paris des années 70, tant le sujet de l'apprentissage, dans la douleur parfois, l’indolence souvent voire l'illumination reste éternel.
Les dialogues entre les protagonistes sont saisissants de pertinence et de profondeur pour toucher chacun de nous aux questionnements les plus enfouis. voire parfois les plus intimes.
Un long film, de plus de deux heures certes, qui nous promène dans le temps et l'espace de la genèse de la création artistique et de sa transmission.
Pour tous les amoureux du cinéma, de la musique, et de la nécessité artistique dont l'élan vital et créateur sont prodigieusement retranscrits.
A ne pas manquer !
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