" Le soleil de la mélancolie "
Belle découverte en ce début mai avec la sortie du neuvième film de Jean-Paul CIVEYRAC, dont le
parti pris du noir et blanc ajoute à l'intemporalité du sujet.
En plusieurs tableaux, sont dépeintes les métamorphoses de trois jeunes provinciaux venus de Bordeaux, Lyon ou Poitiers à la capitale pour tenter de devenir ce qu'ils voudraient être : réalisateurs.
Le titre, en clin d’œil à l'oeuvre de Pascal, nous plonge dans le débat éternel ou universel des créateurs : exigence janséniste comme Mathias, sans concession, contre " petits arrangements entre amis " à la jésuite, que dénonce avec véhémence Annabelle ( Sophie Verbeeck ) en mettant son ami Etienne face à ses paradoxes. De la théorie rêvée à la pratique décalée, des paroles aux actes non accordés. Eternel débat.
Sur fond de Bach, Novalis, Flaubert ou Gérard de Nerval, nous est conté le lent travail de maturation artistique pour devenir soi. On pourrait penser aussi à " la mofication "de Butor, dans la lente construction d'une nouvelle identité. Les plans souvent esthétisants d'un Paris idéal pour l'accomplissement artistique tranchent cependant avec la violence intérieure des tourments et des affres de création.
Si les sonneries des smartphones, les allusions aux " Pussy Riots " ou autre campagne de Macron ne surgissaient pas par fulgurances, on pourrait facilement se croire dans le Paris des années 70, tant le sujet de l'apprentissage, dans la douleur parfois, l’indolence souvent voire l'illumination reste éternel.
Les dialogues entre les protagonistes sont saisissants de pertinence et de profondeur pour toucher chacun de nous aux questionnements les plus enfouis. voire parfois les plus intimes.
Un long film, de plus de deux heures certes, qui nous promène dans le temps et l'espace de la genèse de la création artistique et de sa transmission.
Pour tous les amoureux du cinéma, de la musique, et de la nécessité artistique dont l'élan vital et créateur sont prodigieusement retranscrits.
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