dimanche 24 juin 2018

Bécassine : Un pas vers la réhabilitation ?

Avant même que le nouveau film de Bruno Podalydès ne sorte au festival du film romantique de Cabourg, la polémique enflait déjà autour  de ce que les régionalistes bretons interprètent comme une " injure à nos grand-mères bretonnes ainsi caricaturées " qui migraient à Paris dans les familles bourgeoises souvent condescendantes avec elles. Pour ne pas dire parfois méprisantes. D'où les policiers présents devant les projections de salles à Rennes ou Brest.

Une fière indignation bretonne  souvent viscérale,  que le subtil réalisateur de " Comme un avion " ou " Liberté-Oléron " tente de réguler : il défend l'aspect ingénieux  et optimiste de cette bonne âme dont la naïveté non feinte permettra pourtant  de faire bouger bien des lignes.
Un peu dans le sens : " ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait "...

Le personnage de B.D. ( qui n'avait pas de bouche à l'époque ) crée par Jacqueline Rivière, rédactrice en chef du " journal de Suzette " et le dessinateur Emile Joseph Porphyre Pichon, en aura connu des transformations au fil du siècle !

Inspiré au départ d'une maladroite gouvernante, en 1913, le personnage devient Anaïk Labornez, finistérienne ; il a grandi et volé de ses propres ailes à la manière de Tintin de Hergé, même si plus proche de Marie-Poppins dans l'esprit.

L'actrice Emeline BAYART remplace ici Muriel ROBIN, dans le premier " Bécassine, le trésor Viking " de Philippe Vidal ( 2001 ) qui évoquait un autre épisode rocambolesque, situé à Paris.

RE-CREATION

Bruno Podalydès a  " re-créé " une histoire à partir des trente albums de B.D. Elle débute quand la petite bretonne perd une dent et la cache sous son oreiller ...Son oncle  Corentin, chasseur, l'aidera ainsi à croire en ses rêves en la transformant en graine d'arbre bleu ! Départ ensuite sur la départementale 17 de " Clocher les Bécasses ", pour Paris qu'elle ne rejoindra pas ! C'était sans compter la rencontre avec la Marquise du Grand Air dans sa voiture en panne !

Belle distribution de rôles pour ce second  film dont " Bécassine " reste l’héroïne, avec la fantasque Karine VIART en " Hermine, Marquise du grand air " qui vient d'adopter la petite Loulotte ( Diminutif de Louise-Charlotte )  et à laquelle notre Bécassine de service s'attachera toute sa vie. Josiane Balasko en Madame Châtaigne vaut  son pesant d'or !
Quant au marionnettiste grec, le frère de Podalydès, s'il divertit les habitants du Château, les ruine ensuite, il leur réserve aussi bien des surprises in fine.

Tout l'intérêt de cette comédie, déjà polémique avant sa sortie, mais jamais vulgaire, jamais violente et infiniment poétique provient du fait de ses multiples grilles de lectures, un peu à la manière des contes. Les contes de la Bécasse de Maupassant, qui sait ?

Que l'on ait 7 ou 100 ans, voire plus, que l'on soit breton ou pas, de souche ou d'adoption, chacun y puisera ce qu'il voudra ou pourra !
Avec esprit de réconciliation ? qui sait ?

L'histoire nous le dira sûrement...même si la pub induite par la polémique bretonne, n'a même  pas profité au box-office de cette première semaine de sortie. Peu importe.

Mais l'essentiel reste ailleurs, à la manière d'Antoine de St Saint-Exupéry...

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