Curieuse rencontre entre trois personnages atypiques dans le film écrit et réalisé par Lucas Bernard :
" Un beau voyou " ; la fille d'un peintre, ( Jennifer Decker ), restauratrice de tableaux de son état, le commissaire Beffrois sur le retour, déjà pas mal déconnecté, et un incroyable acrobate au regard envoûtant, ni tout à fait lui-même, ni tout un fait un autre, Antoine, François, Bertrand ? Qui sait ?
Nos trois " passants " de la vie comme par inadvertance se croisent, se recroisent, presque par accident, voire plutôt par mégarde.
Truculent rôle de Charles Berling ( un peu jeune ) pour un futur commissaire retraité qui ne ressemble à aucun autre policier, comme en apesanteur dans un Paris où tous les chats sont gris la nuit. Un curieux vol de tableau dans la bonne société lui ravive la flamme éteinte par l'élégance et le procédé du geste.
Il remonte le fil, patiemment, pour arriver au dénominateur commun de ces neuf vols de tableaux depuis trois ans.
Le commissaire Beffrois, toujours un peu largué, dont les fils quittent le nid, est intrigué par ce jeune qui change de nom comme de lit, virtuose de l'escroquerie immobilière, entre autre. Pas uniquement pour l'argent, non, pour le jeu, pour le " fun ". Ces deux là finalement se ressemblent, mais ne se sont pas trouvés du même côté.
Quant à la fille du peintre, un peu paumée aussi ( on le serait à moins avec un père pareil ) , s'accroche à contre-courant pour trouver sa place parmi tout ce petit monde atypique.
Ni castagne, ni sexe, ni violences gratuits dans ce policier poétique, sur les toits d'un Paris bleuté de nuit.
Juste une envie de comprendre et de remonter le mécanisme de comportements en suspensions.
En filigrane affleure la question de l'art moderne ou contemporain ? De ses codes, de ses dérives.
Est-il réservé à une élite qui spécule sur lui pour se divertir autant que s'enrichir ou appartient-il à tous ?
Belle surprise en ce début d'année 2019 pour un policier policé, léger et romantique !
Jeux d'écritures. Billets d'humeurs. Éditos. Conseils en écriture. Écriture créative etc...
lundi 14 janvier 2019
samedi 12 janvier 2019
" Les raisins de la colère "
Que ce soit à l'échelle d'une famille, d'un groupe, ou d'une nation, certains ingrédients sont nécessaires à la préservation à minima de son unité, d'autres sont le ferment de la dislocation.
Lorsqu'au sommet de quelconque groupe, les places ou statuts ne sont préservés que par un jeu subtile pour les uns, pervers pour les autres, en divisant sciemment ses parties, les dressant ainsi les unes contre les autres, en jetant de l'huile sur le feu, il ne faut pas s'étonner de l'effet boomerang garanti ; quand des travailleurs pauvres, des infirmières à bout de souffle, des artisans qui ne comptent pas leurs heures, des retraités qui ont travaillé toute leur vie, parfois avant l'âge de 16 ans, des chômeurs sont pré-jugés sans nuance aucune, et jetés dans le même panier que des fauteurs de trouble professionnels, par des censés " responsables " , incapables de donner l'exemple au sommet, le ton monte inexorablement.
Là où la mauvaise foi atteint des sommets : la leçon du sens de l'effort absent chez les français !
A chacun sa notion -relative- de l'effort.
Quand une présidente de commission de débat est remerciée pour son soutien par un poste à 14 000 euros mensuels, quand les passe-droits à géométrie variable pleuvent en tous sens, il paraît assez surréaliste de donner quelque leçon que ce soit à tous ces gens très ordinaires et souvent invisibles et silencieux qui composent la France.
Dernier recours dans le style, " après moi le déluge " : monter gilets jaunes contre foulards rouges, et pourquoi pas la révolution orange ?
Surtout faire monter la mayonnaise.
Drôle de cuisine qui sent le roussi.
Puisque la leçon du jour concerne le sens de l'effort, absent chez tous ces français mécontents, non reconnus, efforçons-nous alors de ne pas boire ce vin sulfaté jusqu'à la lie !
Efforçons-nous de nous abstenir de tout commentaire, pour ne pas en rajouter une louche !
Louche.
Ce sera le dernier mot.
Efforçons nous surtout d'y voir plus clair . Louche , non ?
Lorsqu'au sommet de quelconque groupe, les places ou statuts ne sont préservés que par un jeu subtile pour les uns, pervers pour les autres, en divisant sciemment ses parties, les dressant ainsi les unes contre les autres, en jetant de l'huile sur le feu, il ne faut pas s'étonner de l'effet boomerang garanti ; quand des travailleurs pauvres, des infirmières à bout de souffle, des artisans qui ne comptent pas leurs heures, des retraités qui ont travaillé toute leur vie, parfois avant l'âge de 16 ans, des chômeurs sont pré-jugés sans nuance aucune, et jetés dans le même panier que des fauteurs de trouble professionnels, par des censés " responsables " , incapables de donner l'exemple au sommet, le ton monte inexorablement.
Là où la mauvaise foi atteint des sommets : la leçon du sens de l'effort absent chez les français !
A chacun sa notion -relative- de l'effort.
Quand une présidente de commission de débat est remerciée pour son soutien par un poste à 14 000 euros mensuels, quand les passe-droits à géométrie variable pleuvent en tous sens, il paraît assez surréaliste de donner quelque leçon que ce soit à tous ces gens très ordinaires et souvent invisibles et silencieux qui composent la France.
Dernier recours dans le style, " après moi le déluge " : monter gilets jaunes contre foulards rouges, et pourquoi pas la révolution orange ?
Surtout faire monter la mayonnaise.
Drôle de cuisine qui sent le roussi.
Puisque la leçon du jour concerne le sens de l'effort, absent chez tous ces français mécontents, non reconnus, efforçons-nous alors de ne pas boire ce vin sulfaté jusqu'à la lie !
Efforçons-nous de nous abstenir de tout commentaire, pour ne pas en rajouter une louche !
Louche.
Ce sera le dernier mot.
Efforçons nous surtout d'y voir plus clair . Louche , non ?
dimanche 6 janvier 2019
Entre deux mondes : " Sir "
Belle surprise indienne en ce début d'année avec : " Monsieur " de Rohena Gera .
C'est ainsi que l'invisible héroïne du film qui devient de plus en plus visible au fil de l'histoire appelle " Ashwin" , le fils de famille aisée de Mumbai qu'elle sert, pour échapper à sa condition rurale.
Deux mondes opposés s'entrecroisent dans le bel appartement cossu de ce jeune marié abandonné le jour " J" de son mariage.
Rohena Gera, la cinéaste indienne , déclare que petite, " elle aimait tout le monde, sans distinction sociale " pour expliquer combien elle avait du mal à mettre des barrières avec sa nourrice qui l'a élevée. Partie faire des études aux U.S.A, comme le Monsieur de l'histoire, elle a compris bien plus tard le poids des barrières invisibles et du carcan familial.
Les deux protagonistes, aux milieux sociaux opposés, sont tous deux enfermés dans une prison invisible : celle du poids des traditions rurales voire obscurantisme religieux pour Ratna, et celle plus dorée, de la classe sociale aisée qui ne vit que l'entre- soi.
Ces deux jeunes gens que tout oppose apprendront à se connaître, dans un cheminement quasi initiatique où les non-dits et le poids du silence révèlent autant des clivages sociaux ancestraux que de longs discours.
Tout indice de ce long cheminement vers l'autre , parfois imperceptible, en dit long sur l'incroyable subtilité de cette histoire indienne, tout en nuances.
Les derniers mots prononcés illustreront à merveille, pour qui sait écouter, l'incroyable délicatesse de ces deux prisonniers de leur classe sociale et famille, qui au lieu de les soutenir pour les émanciper, les oppressent et les empêchent de vivre : là réside le point commun qui les unit malgré eux.
A ne pas rater en ce début d'année .
C'est ainsi que l'invisible héroïne du film qui devient de plus en plus visible au fil de l'histoire appelle " Ashwin" , le fils de famille aisée de Mumbai qu'elle sert, pour échapper à sa condition rurale.
Deux mondes opposés s'entrecroisent dans le bel appartement cossu de ce jeune marié abandonné le jour " J" de son mariage.
Rohena Gera, la cinéaste indienne , déclare que petite, " elle aimait tout le monde, sans distinction sociale " pour expliquer combien elle avait du mal à mettre des barrières avec sa nourrice qui l'a élevée. Partie faire des études aux U.S.A, comme le Monsieur de l'histoire, elle a compris bien plus tard le poids des barrières invisibles et du carcan familial.
Les deux protagonistes, aux milieux sociaux opposés, sont tous deux enfermés dans une prison invisible : celle du poids des traditions rurales voire obscurantisme religieux pour Ratna, et celle plus dorée, de la classe sociale aisée qui ne vit que l'entre- soi.
Ces deux jeunes gens que tout oppose apprendront à se connaître, dans un cheminement quasi initiatique où les non-dits et le poids du silence révèlent autant des clivages sociaux ancestraux que de longs discours.
Tout indice de ce long cheminement vers l'autre , parfois imperceptible, en dit long sur l'incroyable subtilité de cette histoire indienne, tout en nuances.
Les derniers mots prononcés illustreront à merveille, pour qui sait écouter, l'incroyable délicatesse de ces deux prisonniers de leur classe sociale et famille, qui au lieu de les soutenir pour les émanciper, les oppressent et les empêchent de vivre : là réside le point commun qui les unit malgré eux.
A ne pas rater en ce début d'année .
![]() |
Ratna, la servante toujours digne et Ashwin, le maître, prisonnier des conventions de sa caste. |
vendredi 14 décembre 2018
Les Apprenantes .
Elles étaient douze assises autour des tables en U ; de tous les âges , des marocaines, des algériennes avec leurs yeux noirs perçants, concentrés mais jamais baissés. Avec leur joli foulard sur la tête comme nos grand-mères d'antan.
Il fallait voir leurs regards reconnaissants et leurs sourires quand nous nous intéressions à elles, leur histoire, leur apprentissage de la lecture. Sans condescendance. Dans le partage du savoir, tout simplement.
Ma Me Mi Me Mo ont-elles écrit et répété ; elles auraient aussi bien pu les chanter à la manière des cantatrices d'opéra qui chauffent leur voix avec leurs vocalises.
La bienveillance et la fermeté mêlées de Christelle,cheveux argentés et yeux enchantés, menait tout ce petit monde féminin toujours un peu plus loin, un peu plus vite, au fil des jeux de lettres inventés.
Des jeux artisanaux, fabriqués maison avait-elle l'air de s'excuser .
Izzia a pris le temps de nous expliquer qu'elle venait d'adopter sa nièce, la fille de son frère. Ouarda est devenue rouge tomate quand elle a découvert son portrait dans le journal. Trois Aïcha aujourd'hui.
La nouvelle Aïcha, tout sourire, parle français avec l'accent du midi depuis le temps qu'elle est installée à Uzès ! Mais elle apprend doucement à écrire, projette de passer son permis de conduire depuis que son mari l'a quittée pour une plus jeune. Elle garde son sourire, quoiqu'il arrive.
A l'heure du goûter, un beau petit garçon marocain est venu chercher sa maman dans la classe . Le monde à l'envers, ai-je murmuré.
Il fallait dire que toutes ces " apprenantes " avaient pris le temps de se présenter au départ, de se re-connaître. La transmission de tout savoir, partagé ou pas, ne passe -t-il pas par ces présentations ? La moindre des choses, somme toute.
Car au commencement, était le Verbe.
Il fallait voir leurs regards reconnaissants et leurs sourires quand nous nous intéressions à elles, leur histoire, leur apprentissage de la lecture. Sans condescendance. Dans le partage du savoir, tout simplement.
Ma Me Mi Me Mo ont-elles écrit et répété ; elles auraient aussi bien pu les chanter à la manière des cantatrices d'opéra qui chauffent leur voix avec leurs vocalises.
La bienveillance et la fermeté mêlées de Christelle,cheveux argentés et yeux enchantés, menait tout ce petit monde féminin toujours un peu plus loin, un peu plus vite, au fil des jeux de lettres inventés.
Des jeux artisanaux, fabriqués maison avait-elle l'air de s'excuser .
Izzia a pris le temps de nous expliquer qu'elle venait d'adopter sa nièce, la fille de son frère. Ouarda est devenue rouge tomate quand elle a découvert son portrait dans le journal. Trois Aïcha aujourd'hui.
La nouvelle Aïcha, tout sourire, parle français avec l'accent du midi depuis le temps qu'elle est installée à Uzès ! Mais elle apprend doucement à écrire, projette de passer son permis de conduire depuis que son mari l'a quittée pour une plus jeune. Elle garde son sourire, quoiqu'il arrive.
A l'heure du goûter, un beau petit garçon marocain est venu chercher sa maman dans la classe . Le monde à l'envers, ai-je murmuré.
Il fallait dire que toutes ces " apprenantes " avaient pris le temps de se présenter au départ, de se re-connaître. La transmission de tout savoir, partagé ou pas, ne passe -t-il pas par ces présentations ? La moindre des choses, somme toute.
Car au commencement, était le Verbe.
jeudi 6 décembre 2018
" Pupille" .
Sortie cette semaine du deuxième film de la fille de Miou-Miou et Julien Clerc, Jeanne Herry avec: "Pupille".
Drôle de mot pour un état à part, de suspension de l'identité.( Rien à voir avec la dilatation ou pas des pupilles lorsque tout être humain normalement constitué manifeste face à une émotion ! )
A l'heure des sujets controversés et discutés de bioéthique , le long chemin de croix des parents adoptifs, de la mère naturelle et du petit Théo sont dépeints ici avec toute la sensibilité et la délicatesse qu'un tel sujet impose. Théo constituant la prunelle des yeux de tous .
Sandrine Kiberlain est l'éducatrice spécialisée qui prendra soin du bébé avant qu'il ne rencontre Alice : la mère adoptante qui essaye depuis 10 ans d'avoir un bébé. Gilles Lelouch, après sa performance du " Grand bain " joue juste, bouleversant , encore plus que d'habitude.
" J'ai choisi de montrer des gens qui travaillent bien et qui portent ce bébé qui va de bras en bras jusqu'à ce qu'il trouve une famille, dans ce temps suspendu avant l'adoption " explique la réalisatrice.
L'occasion de vivre de l'intérieur ce que peuvent ressentir ces êtres, tous en attente d'amour, avec tous les gens de l'ombre, assistantes sociales, éducateurs, qui se distinguent ici par leur empathie, leur bienveillance et leur volonté de bien faire. " Mon travail n'est pas de trouver un bébé à des parents qui souffrent mais de trouver les meilleurs parents possibles à des enfants qui souffrent " résume l'éducatrice spécialisée ( Sandrine Kimberlain ) .
" Il y a dans la vie des champs de mines et des champs de fleurs, à vous de savoir si vous avez réussi à déminer votre champ " expliquera la professionnelle de l'adoption à la maman adoptante, pour la responsabiliser sur un acte qui engagera toute une vie. Un cheminement qui navigue entre précision du documentaire et émotion de la fiction.
A ne pas rater, dans une période sensible, où la dimension humaine et bienveillante doit prendre enfin toute sa place.
Drôle de mot pour un état à part, de suspension de l'identité.( Rien à voir avec la dilatation ou pas des pupilles lorsque tout être humain normalement constitué manifeste face à une émotion ! )

Sandrine Kiberlain est l'éducatrice spécialisée qui prendra soin du bébé avant qu'il ne rencontre Alice : la mère adoptante qui essaye depuis 10 ans d'avoir un bébé. Gilles Lelouch, après sa performance du " Grand bain " joue juste, bouleversant , encore plus que d'habitude.
" J'ai choisi de montrer des gens qui travaillent bien et qui portent ce bébé qui va de bras en bras jusqu'à ce qu'il trouve une famille, dans ce temps suspendu avant l'adoption " explique la réalisatrice.
L'occasion de vivre de l'intérieur ce que peuvent ressentir ces êtres, tous en attente d'amour, avec tous les gens de l'ombre, assistantes sociales, éducateurs, qui se distinguent ici par leur empathie, leur bienveillance et leur volonté de bien faire. " Mon travail n'est pas de trouver un bébé à des parents qui souffrent mais de trouver les meilleurs parents possibles à des enfants qui souffrent " résume l'éducatrice spécialisée ( Sandrine Kimberlain ) .
" Il y a dans la vie des champs de mines et des champs de fleurs, à vous de savoir si vous avez réussi à déminer votre champ " expliquera la professionnelle de l'adoption à la maman adoptante, pour la responsabiliser sur un acte qui engagera toute une vie. Un cheminement qui navigue entre précision du documentaire et émotion de la fiction.
A ne pas rater, dans une période sensible, où la dimension humaine et bienveillante doit prendre enfin toute sa place.
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