C'est ainsi que l'invisible héroïne du film qui devient de plus en plus visible au fil de l'histoire appelle " Ashwin" , le fils de famille aisée de Mumbai qu'elle sert, pour échapper à sa condition rurale.
Deux mondes opposés s'entrecroisent dans le bel appartement cossu de ce jeune marié abandonné le jour " J" de son mariage.
Rohena Gera, la cinéaste indienne , déclare que petite, " elle aimait tout le monde, sans distinction sociale " pour expliquer combien elle avait du mal à mettre des barrières avec sa nourrice qui l'a élevée. Partie faire des études aux U.S.A, comme le Monsieur de l'histoire, elle a compris bien plus tard le poids des barrières invisibles et du carcan familial.
Les deux protagonistes, aux milieux sociaux opposés, sont tous deux enfermés dans une prison invisible : celle du poids des traditions rurales voire obscurantisme religieux pour Ratna, et celle plus dorée, de la classe sociale aisée qui ne vit que l'entre- soi.
Ces deux jeunes gens que tout oppose apprendront à se connaître, dans un cheminement quasi initiatique où les non-dits et le poids du silence révèlent autant des clivages sociaux ancestraux que de longs discours.
Tout indice de ce long cheminement vers l'autre , parfois imperceptible, en dit long sur l'incroyable subtilité de cette histoire indienne, tout en nuances.
Les derniers mots prononcés illustreront à merveille, pour qui sait écouter, l'incroyable délicatesse de ces deux prisonniers de leur classe sociale et famille, qui au lieu de les soutenir pour les émanciper, les oppressent et les empêchent de vivre : là réside le point commun qui les unit malgré eux.
A ne pas rater en ce début d'année .
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Ratna, la servante toujours digne et Ashwin, le maître, prisonnier des conventions de sa caste. |
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