dimanche 29 mars 2020

Dehors, si j’y suis ?

 

A mi-parcours (dans le meilleur des cas) d’un confinement imposé, un « micro-trottoir » virtuel à quelques contacts consentants, met en lumière ce qui du « dehors », manque le plus « au dedans ».

Selon les générations, les réponses différent et les frustrations des plus jeunes ne sont pas celles des plus âgés : pour les pré-ados, les sorties entre copains et les Mac Do constitueraient les plus grands manques.

D’autres réponses, essentiellement masculines, tournent pour certains autour des activités sportives de plein air (randos, kayak, pêche à pied, vélo, sports collectifs).

Les sujets communs aux hommes comme aux femmes convergent tous et unanimement autour des rencontres avec (petits) enfants et famille proches que l’on ne peut voir régulièrement « en chair et en os ».

Pour d’autres, plus spécialisés, et « méridionaux », c’est la partie de pétanque qui manquerait le plus, avec ses codes sociaux, ses blagues et ses bienfaits multiples ! Les croyants regrettent quant à eux les offices partagés dans les lieux sacrés.

Des réponses parfois anodines évoquent l’aspect essentiel de certaines activités apparemment « dérisoires », à la manière du fameux « superflu, chose nécessaire » chère à Voltaire. La sortie au café, pour humer l’ambiance et goûter la chaleur humaine, le massage capillaire pour se détendre, ou le thé dansant du lundi après-midi.

Dans une proportion d’un tiers environ, certains témoignages de « solitaires », d’intellectuels ou de méditatifs de naissance attestent que ce confinement est bienvenu pour eux. L’occasion inespérée et privilégiée de poursuivre leurs lectures, de se recentrer, et de se retrouver non face au vide, mais face à eux-même, dans toute leur profondeur pour ne pas parler de spiritualité.

Cette minorité souvent silencieuse, qui observe, réfléchit et médite.

Pour une infime partie, cette période ne change presque rien à leur vie, souvent en retrait et isolée.

Elle n’attire pas vers elle les lumières, mais la majorité serait peut-être bien inspirée d’en suivre le sillage, pour gagner en profondeur de vue, qui sait ?

Pour ceux-là, cette période serait presque une chance inespérée pour ralentir le rythme à un moment où le monde tournerait à l’envers.

L’occasion d ‘une suspension générale régulatrice pour écouter la terre tourner à l’endroit ?

Et repartir du bon pied.

N.B. Mes sincères remerciements à tous les participants de ce « micro-trottoir » virtuel et improvisé.

mercredi 25 mars 2020

Ethique et tac !

 

A l’heure du pic annoncé de la pandémie virale, l’urgence qui impose réactivité au Comité Consultatif National d’Ethique ne doit pas céder à l’improvisation et encore moins à la précipitation. Ce qu’on appelle « être sur le fil ».

Pour certains le principe de précaution décliné à outrance relève des temps médiévaux, pour d’autres, l’heure est à l’innovation à tous prix comme pour le professeur marseillais qui défraie la chronique.

La guerre des égos en période si critique est-elle bien de mise ? Les polémiques en tous genres également ?

Le Comité Consultatif National d’Ethique a le mérite de ramener chaque citoyen à son sens des responsabilités d’une part dans un intérêt général à partager. Son laïus incite d’une part à plus de solidarité collective et « en même temps » à une autonomie individuelle renforcée.

La dignité humaine se trouvant au centre des débats : la défiance aggravant le mal, la confiance pouvant sauver l’avenir.

Quand d’éminents professeurs de médecine, au lieu d’aller au front, se querellent les uns avec les autres dans une escalade inquiétante, se donnent en spectacle télévisuel ou pas, les personnes âgées sont désormais « triées ».

A quand une éthique de responsabilisation applicable pour tous, du plus petit jusqu’au plus grand, quand l’heure est à la survie ?

https://www.ccne-ethique.fr

mardi 24 mars 2020

Les cloches avant l’heure !

 

En signe de soutien à tous ceux qui font face au fléau ambiant, coûte que coûte, de nombreuses initiatives fleurissent. Dans les grandes villes, comme à Marseille, des rendez-vous sont donnés à heure fixe pour applaudir tous ceux qui donnent de leur compétence, de leur savoir-être et savoir-faire. Une reconnaissance symbolique à défaut de moyens dignes de la prétendue sixième puissance mondiale !

Ailleurs, il sera question d’allumer des bougies à ses fenêtres pour accompagner les cloches des Eglises qui sonneront toutes demain, à l’unisson, à 19h30.

Une initiative de ceux qui souhaitent avant tout donner un sens à cette crise mondiale, dans l’espoir de voir « in fine » notre société  » grandie et plus forte ».

Ce geste d’égrégore,initié par les évêques de France, destiné autant à ceux qui croient que ceux qui n’y croient pas, pour unir les forces spirituelles communes en guise de soutien collectif.

lundi 23 mars 2020

« Keep your distance » !

On peut lire cette injonction à l’arrière des poids-lourds dans les pays anglophones. Distances de sécurité routière imposée ici en l’occurrence. Distance de survie élémentaire.

Depuis le confinement imposé, il s’agirait en France de notion de « distanciation sociale  » à appliquer. Les uns avec les autres.

Une nouvelle formule tristement à la mode qui nous renvoit à un concept vieux comme la nuit des temps ou plutôt, que l’on retrouvait déjà dans l’ancien testament avec l’histoire du lépreux mis à l’écart.

Il paraîtrait aussi que cette notion s’apparente à une technique de théâtre mise en pratique par Berthold Brecht avec ses acteurs ; c’est à dire, l’art en quelque sorte, de s’extraire de sa personne pour se dédoubler dans l’acteur, à la demande. Une notion que ne pratiquent pas certains acteurs qui ne « jouent » pas mais « sont » leur rôle, comme un Gérard Depardieu qui fait toujours plus ou moins du Gérard Depardieu.

Cette notion de « distanciation sociale » ne semble apparemment pas innée et donc, très inégalement partagée, selon sa nature d’abord, mais aussi selon son environnement social ou géographique.
Selon l’éducation reçue aussi parfois, mais pas seulement…Les aléas précoces de la vie laissant parfois des traces . La part de l’inné et de l’acquis dans cette affaire s’avérant plutôt aléatoire, comme la transmission génétique. Statistiques et autres probabilités trouvant ici leurs limites.

Bref, cette période sous cloche permettra donc à chacun de « réguler » son rapport à autrui, tantôt trop proche (intrusif voire toxique) tantôt trop distant (pour les timides ou autres handicapés relationnels).

C’est du moins ce qu’on espère.

La bonne distance, n’est-ce pas l’apprentissage le plus important dans la vie pour appréhender un rapport aux autres et son environnement le plus harmonieux possible ?

Le bon côté des choses, c’est qu’une séance de rattrapage, voire une seconde chance, nous est offerte ici , pour tous ceux qui n’auraient pas saisi le message ! Le B.A.BA éducationnel en quelque sorte.

samedi 21 mars 2020

« Les tontons flingueurs »

 

A situation exceptionnelle, programmation revue et corrigée exceptionnelle sur France 2 ce week-end et la semaine qui suit.

Les amateurs de Michel Audiard et ses répliques salées ont pu cet après-midi retourner à Montauban dans les années 63 se plonger dans une histoire qui traverse les décennies sans prendre une ride . Les répliques de Lino Ventura ( Fernand Naudin ) ou de Bernard Blier font désormais partie du patrimoine culturel français : genre, « Touche pas au Grisbi » ou « les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît » !

Le propriétaire d’usine de tracteurs, parti de Montauban à Paris au chevet de son ami Louis dit « le mexicain » va voir sa vie bouleversée par des affaires aussi troubles que la troublante Patricia dont il aura la tutelle.

Malgré les énièmes rediffisions de ce classique, le talent de Ventura et Blier reste intact et on remercie Georges Lautner pour cette pépite.

« La grande vadrouille » au programme dominical , pour réunir si possible toutes les générations qui souhaitent s’extraire un moment du temps suspendu actuel.

Saluons les initiatives qui se multiplient pour ne pas noyer les français dans la psychose ambiante avec ces reprogrammations d’urgence. Pour la santé mentale publique, somme toute .

Lundi, une institutrice, Laure Brémond, donnera des cours en direct pour les petits élèves d »école élémentaire, en supplément de ceux transmis par les enseignants de l’Education Nationale.

Des « efforts » considérables de la base arrière, puisque nous sommes censés être « en guerre » -sic- pour permettre à ceux du « front » d’optimiser leur contribution vitale ,par temps de confinement généralisé.

jeudi 19 mars 2020

« La cinquième saison » !

 

A la veille du printemps 2020, la poésie a pris un sérieux coup dans l’aile et les amateurs penseraient plus au « Cercle des poètes disparus » qu’à autre chose. Un (très) ancien camarade m’avait offert en l’occurrence, du temps des études, le livre éponyme de Jacques Prévert où de savoureux textes étaient recueillis . Il les avait écrit pour son fameux groupe surréaliste d’octobre.

En écho, me revient à l’esprit l’explication d’une excellente prof de QI GONG qui nous évoquait la signification de cette formule, chère à l’énergétique chinoise : elle correspondrait, selon cette culture ancestrale aux 18 jours qui se déroulent entre le printemps et l’été : la période d’inter-saison où coexistent « ce qui n’est plus » avec « ce qui n’est pas encore« .

Une précieuse période, censée se reproduire entre les quatre saisons annuelles, où le principe essentiel de « prévention par idéal » s’impose.

Difficile de ne pas ramener cette « cinquième saison » à venir à notre très surréaliste conjoncture mondiale.

Si le « mal » tant incriminé vient de l’Est, son anditote se trouve peut-être aussi dans ces mêmes cultures ancestrales où l’anticor n’est que le simple revers du poison. La médecine chinoise ancestrale n’est-elle pas avant tout une médecine de prévention ?

Entre les poèmes de Jacques Prévert et les enseignements de Lao Tseu réside peut-être le point d’équilibre ?

Pour ne pas dire de la sagesse !

mardi 17 mars 2020

Saint Patrick en sourdine !

 

Les amateurs de claquettes ou autres fées celtes fêteront aujourd’hui le Saint Patron des Irlandais en mode minimaliste. Qu’à cela ne tienne !

Cette fête populaire de tradition chrétienne, célébrée dans le monde entier par tous les exilés celtes, que ce soit à New-York, Buenos- Aires ou Montréal, reste bien ancrée dans l’imaginaire collectif. Et dieu sait combien la puissance de l’imaginaire reste fertile pour ces cultures . Cela pourrait même devenir leur force, à long terme, qui sait ?
Il ne sera donc pas interdit en ces temps de « retraite » imposée (dans tous les sens du terme, y compris celui de la période de « carême ») d’écouter chez soi les joyeux drilles en goguette. La puissance de l’imaginaire n’ayant pas de frontière. Elle permet parfois d’affronter le difficile principe de réalité, par nature, limité, avec plus d’entrain et d’optimisme. Pour ne pas dire de légèreté.
Puisqu’il est dit que dans toute crise, le pire et le meilleur se côtoient, selon la nature de chacun, autant opter pour la gaîté en ce jour du 17 mars 2020.
A marquer d’une pierre blanche cette année en 20, prétendue folle, même si la couleur du trèfle porte – bonheur vire plus au vert (initialement bleue d’ailleurs).
Les biens immatériels comme la culture musicale conservent l’incroyable avantage de dépasser les frontières. Et quand bien même n’aurions-nous pas d’appareils pour écouter ces ritournelles, quand bien même serions nous sourds comme Beethoven, voire en prison, rien ne nous empêche de fredonner ces airs de grands résistants !

A la manière du pianiste dans le film éponyme, qui joue sur un piano sans touche ou sans son (face aux nazis) à Varsovie, pour continuer à vivre, coûte que coûte !

mercredi 11 mars 2020

L’arme fatale du stylo ?

 

En ces temps de virus insoumis, le principe de précaution s’avère à géométrie très variable selon les situations : certaines municipalités, n’hésitent pas à déployer les grandes manœuvres ; à Montpellier, Philippe Saurel innove avec 320000 stylos proposés aux électeurs dont 160 000 réservés au premier tour, avec couleur affichée noire, et 160000 autres pour le second tour qui verra rouge. Pas de pénurie donc pour les 154000 inscrits. Fléchage spécifique du parcours aux toilettes, gel hydroalcoolique et tutti quanti. Les heures de pointe entre 10h et 13h30 et 15h30 à 18h sont à éviter de préférence.

Pour d’autres municipalités, comme Marseille, pas de manifestation d’inquiétude affichée pour la gestion des 480 bureaux, même si les assesseurs se désistent de temps à autre. Il faut bien avouer que dans la cité phocéenne, rien ne se passe jamais comme ailleurs. Les vieux loups de mer ont plus d’un tour dans leur sac, mais nul ne connaît à l’avance la saveur de la bouillabaisse 2020…

Pour Paris, nul besoin d’être devin pour faire confiance au bon sens féminin et son instinct inné de préservation ; reste à savoir lequel sera appliqué ? le rodé, le soumis ou l’énergique ?

Pas étonnant qu’en ces temps si atypiques, notre non moins atypique chef des armées prenne la parole en public demain !
Ce sera toujours ça de gagné ! Avancera-t-il masqué ou pas, là est -toujours- la question ?

vendredi 6 mars 2020

« So british ! »

 

« Never explain, never complain » : telle était paraît-il la devise de la Reine Victoria, à moins que ce ne soit celle de Winston Churchill ? Son origine est attribuée à un certain premier ministre britannique, Benjamin Israëli ( 1804-1881 ). Toujours est-il qu’elle résume à elle toute seule la philosophie « so british » de ceux qui encaissent tout sans laisser rien paraître en dehors.

Question de pudeur pour les uns, de politesse pour les autres, de culture en tous cas .

Tout « état d’âme » serait pour eux interprété comme débordement , pour ne pas citer le gros mot d’hystérie. ( Critique la mieux partagée, du reste, par nos mâles dominants ) .

Nos très bien élevés britanniques, amateurs de « select club » et de whysky, ( où les femmes n’ont d’ailleurs pas leur place ) , à force de maîtrise contenue et de distorsion avec les réalités payent un peu les pots cassés de cette drastique éducation : en attestent les velléités des petits princes, dont l’histoire familiale aurait tendance à se répéter . D’où fuite existentielle des petits « cerveaux royaux » au Canada.

Face à cette culture si contenue, où toute expression d’intériorité existentielle est prohibée, toute tentative de moindre expressivité reste vaine et inappropriée.

Et pourtant, ils sont aussi nombreux à vanter les mérites d’une saine communication où conflits internes sont parfois mis au dehors, histoire de dénouer les tensions, histoire aussi parfois de stoper la spirale infernale des scénari qui se répètent, ad vitam eternam, comme à l’insu de leur plein grès. Les américains avec leur psychanalyse seraient plus de ce côté là.

Une franche explication valant mieux que faux-semblants contenus.

Encore faut-il savoir s’écouter à défaut de s’entendre.

A une autre micro-échelle, celle du noyau familial, les deux écoles s’affrontent : celle où l’on s’exprime, plus ou moins librement, à défaut d’être taxé de « bavards » et celle où l’on se tait. Quoiqu’il advienne. Tenue et dignité obligent.

Reste à savoir dans quel cercle la vie est plus harmonieuse et épanouissante.

Pas de vague dans les unes, débordements et cris parfois dans les autres.

A chacun son école, à chacun sa famille, à chacun sa route !

Bon vent à tous , en attendant .