vendredi 9 octobre 2020

« Les émotifs anonymes »

 

à TESSA
à ANTOINE, à VINCENT
à JEAN

Les amateurs de bon cinéma se souviennent sans doute de l’excellent film de J. Pierre Améris avec la touchante Isabelle Carré et l’inénarrable Benoît Poelworde, bel ambassadeur d’une Belgique créative et hilarante.

Il s’agissait de décrypter ici les affres invisibles mais pénalisantes de deux personnages aussi doués et intelligents que débordés par leurs émotions.

Une association éponyme « Les émotifs anonymes » existe même à Nîmes, à la manière des « alcooliques anonymes » ou autre, histoire d’apaiser des souffrances parfois paralysantes qui viennent de loin.

Association d’utilité publique dans un monde de l’image et des apparences, peu regardant du fonctionnement de l’humain. Association pour adultes en l’occurence.

Mais que dire de tous ces jeunes au profil « atypique », jalousés au mieux par leur entourage auquel ils n’ont de cesse de vouloir s’intégrer, en payant parfois le prix fort, stigmatisés au pire par un corps enseignant figé et routinier ? Pour ne pas dire parfois aveuglé par sa suffisance.

Que dire de notre enseignement laïque, avec ses vertus essentielles historiques, qui néglige de s’intéresser à ces profils si spécifiques ?

Que dire d’enseignants, forts de leur savoir d’ « hyper sachant », incapables de se remettre en cause par des jeunes si déstabilisants ?

Faut-il donc les « parquer » dans des écoles de « Chiens savants » comme celle de Nice, élitiste à souhait, où la compétition reste le maître mot ?

Faut il « placer » ces jeunes dans des écoles privées ou l’argent investi compenserait les lacunes du corps enseignant ?

Que de ressources gaspillées et d’intelligences saccagées dans un environnement souvent routinier, dont les acteurs ont oublié le principal : le cœur.

mardi 6 octobre 2020

Vous avez dit « liberté d’expression »?

 

Au nom de la sacro sainte « liberté d’expression », il faut avouer que les réseaux sociaux sont devenus une immense décharge à ciel presque ouvert, où il convient de faire le tri, sous peine d’asphyxie par propos souvent hors sujet au mieux, aux relents nauséabonds au pire.

Dans le courrier au lecteur du très nuancé journal « La Croix » dont on ne peut que saluer la prise de recul sur les sujets traités, que l’on soit croyant ou pas, un lecteur* très provincial a le courage de ses opinions. N’en déplaise à la Doxa bien pensante.

Fatigué d’être évincé quant à lui de certains réseaux où il rappelle la pensée de Simone Veil sur l’avortement qu’elle décrit avant tout comme « un échec qu’il convient d’éviter au maximum » . Cette subtile nuance apportée par cette femme hors du commun ne semble pas de mise dans la pensée ambiante et sectaire boboecolomormoileneu, où l’avortement est presque considéré comme une facilité de plus. Aussi banale que celle d’aller se faire botoxer. Il est quand même intéressant que certains osent rappeler le contexte historique de cette révolution féminine, sertie des nuances de son auteur. Car il s’agissait d’un discours en totale contradiction avec la vision « libérale » de l’avortement.

Mais à cette liberté de plus acquise, s’ajoutait évidemment son pendant de « responsabilité ». C’est apparemment crime de lèse majesté par les temps qui courent que de rappeler que si une loi existe, elle n’en reste pas moins exceptionnelle et que son usage abusif n’est qu’un effet pervers de plus.

Une loi essentielle donc dans l’Histoire de la Femme, mais à manier avec infinie précaution, histoire de ne pas banaliser l’exception.

A prendre avec des pincettes sans mauvais esprit !

  • Courrier du lecteur Roland de Lussy ( Lot-et-Garonne )

vendredi 4 septembre 2020

Les règles du jeu !

 

Bernard Pivot, grand amateur de football, de gastronomie et de littérature avait un jour « commis » cet avis au sujet de la détérioration du niveau de l’orthographe chez les élèves français : « Il ne viendrait à personne l’idée de changer les règles du jeu lors d’un match de foot » , en fonction de l’environnement, du climat, ou autres paramètres ! Une analogie que l’on pourrait transférer aisément au monde de l’orthographe, n’en déplaise à Jacques Prévert et ses très grandes fôtes. Assumées et mises en poème.

Ainsi, les mentalités mettant beaucoup plus de temps à évoluer que le langage, il semble parfois plus pratique de modifier les mots, quitte à ce que ce soit au « forceps » ! L’heure est donc si ce n’est à discuter du sexe des anges, à discuter du genre des mots. Entre autre. Madame la Ministresse, Madame la Proviseuse ? Certains seraient brusquement à bannir du vocabulaire ambiant, histoire justement de réécrire l’Histoire à la sauce idéologique du moment. Une sorte de « révisionnisme inversé » ?

Féminiser les mots quitte à les défigurer reviendrait à faire accélérer le féminin d’une manière brutale faute d’avoir fait avancer suffisamment la cause des femmes. C’est ce que dénonce Jean-François Revel dans « Cinglé.e.s  » : un « sésame démago » d’opportunisme politique.

Si l’orthographe n’est pas une sinécure, elle pourrait un peu s’apparenter à une forme de politesse ou de civilité. Se donner du mal pour apprendre ses codes reviendrait à se donner du mal pour « jouer le jeu » collectif, par respect au moins pour les autres joueurs, si ce n’est pour soi-même.

Personne ne se trouvant à l’abri d’une faute, volontaire ou pas, il faudrait alors trouver l’arbitre loyal pour relancer le jeu.

Qui en vaut la chandelle.

dimanche 16 août 2020

« Ca chauffe Marcel ! »

 

Petite station thermale du centre de la France en période estivale 2020.
Trois-cents curistes enregistrés au compteur au lieu de mille attendus. Certes, l’effet coronavirus sévit partout, y compris dans les bourgades les plus reculées de France où le temps semble s’être figé dans les années 60 ! Pour le plus grand plaisir des habitués qui vivent ainsi l’illusion de ne jamais vieillir.

Sur la pittoresque place centrale, les commerces affichent parfois leur arrogant monopole. Pas toujours à la hauteur des prestations fournies du reste. Sur la terrasse, quelques tables libres : le patron, Marcel (pour les habitués), blanc comme un linge et sans doute essoré par l’effet « Covid » nous invite à prendre le menu annoncé à l’intérieur, car à l’extérieur, ce choix n’est pas de mise.

– « Vous ne voyez pas que c’est inscrit sur la pancarte, à l’entrée, là ? » nous lance-t-il, mi excédé mi méprisant. On serait presque tentés de s’excuser d’être là, devant un tel personnage. Par politesse, nous nous plions à ses sèches injonctions.

Déménagement à l’intérieur, donc, dans une immense salle plus propice aux thés dansants qu’à la restauration. Soit. Au moins, les distanciations sociales sont d’emblée respectées dans un espace, digne d’une cantine SNCF XXL. Vingt minutes plus tard, une hypothétique serveuse consent à prendre la commande. Le ton, au diapason avec celui du patron, devenu invisible pendant tout le service. Sans doute a-t-il mieux à faire que d’aider son énième et unique serveuse (le Turn Over marche à plein régime dans cet établissement aussi anachronique que sa dizaine de clients).

Une demi- heure plus tard, l’entrée arrive enfin, sans sourire et sans un mot. La salade est comestible. C’est déjà pas mal. Ce n’est pas la saison des champignons. Aucun risque à l’horizon, ose-t-on espérer.

Dix minutes plus tard, le poisson arrive aussi congelé que le service. Glacial. La sauce passe moins que celle de la salade. Ambiance digne de l’Allemagne de l’Est des années 50, avec lumières artificielles et fleurs en plastic. Kitch. Plus loin, un voisin de table retraité, peut-être curiste, semble noyé dans son assiette. Un officier retraité de l’armée ? Seul et discipliné. Résigné en tous cas.

Une lueur d’espoir renaît avant le dessert promis, à l’énoncé des boules de glace au citron. Un peu de peeps réveillera tout le monde de ce cauchemar éveillé. Manque de chance, difficile de trouver la boule salvatrice sous une montagne de crème chantilly, non programmée ! Les allergiques n’auront qu’à bien se tenir et ravaler leur salive. Elle atterrira pour nous dans une soucoupe improbable et non volante. Tant pis pour les amateurs !

Une bonne heure plus tard, la facture arrive pour cette escale thermale. Chouette, le patron réapparaît pour encaisser, coté bar. L’énième et nouvelle serveuse fait chauffer la machine à carte bleue, un peu plus loin.

Avant même que nous ayons salué l’aimable assistance de curistes résignés, le patron propriétaire, sans doute usé par des années de service s’est déjà éclipsé.

C’est aussi bien. Pour nous, pour lui. Pour la collectivité !

L’heure de la retraite a certainement dû sonner il y a bien longtemps dans son horloge interne. Pas la peine d’en rajouter !
Comme quoi, la retraite anticipée aurait du bon et devrait être prescrite en pareille occasion, surtout dans une station thermale…encore renommée.

Pour la santé de tous !

vendredi 3 juillet 2020

Relents de droit d’aînesse ?

 

Si le droit d’aînesse est censé être aboli depuis 1849, son « esprit » des plus inégalitaires, semble perdurer au delà des siècles. Et pas seulement dans les familles nobles.

Le pays basque atteste de ces pratiques fortement ancrées où la transmission de la maison ( ETXEBERRI en basque, CAZENAVE en Gascon et CASANOVA en occitan ) revenait de droit à l’aîné d’une fratrie, les seconds allant souvent faire fortune aux Amériques, pour revenir parfois ensuite au bercail. Et bâtir des maisons encore plus somptueuses que le frère aîné ! D’où l’importante « diaspora » basque outre -atlantique..

L’histoire ne date pas d’hier puisque la rivalité entre frères jumeaux Esaü et Jacob est relatée dans la bible ( Genèse : 25 : 29-34 ) ou celle d’ Isaac et Rebecca.

L’Espagne, plus conservatrice sans doute, n’a aboli ce droit qu’en 1820 et le Japon en 1848.

Qui eût cru la résurgence possible de ce droit qui place le premier de la fratrie en pôle position encore possible aux municipales de 2020 ?

Lorsque des élus, plus jeunes, laissent la place aux plus âgés dans des scores municipaux égaux, c’est un relent de droit d’aînesse qui prévaudrait ?

Dans certaines municipalités au score difficile à départager, l’avantage est donné au plus âgé des candidats !

Ainsi, pour la version officielle, Martine Vassal laissera sa place à Guy Teissier à Marseille, non parce qu’il serait un homme, certes, mais parce qu’il est le plus âgé !

Avant de dégommer les statues, y compris celle du commandeur dans Dom Juan, ne conviendrait-il pas de faire disparaître ces usages pour le moins « anachroniques » ?