vendredi 24 janvier 2020

« Tu seras un homme mon fils » .

 

Avant même que la nouvelle édition du festival de la biographie ne soit officiellement inaugurée au Carré d’Art de Nîmes ce vendredi 24 janvier à 18 heures, Franz Olivier Giesbert interviewait au théâtre Bernadette Lafont, Pierre Asouline et l’infatigable Edgard Morin.

Quand l’enfant terrible de droite, du Point, veut « croquer » le biographe de gauche, les débuts s’annoncent électriques !

« Bonjour à touuuutes , clamera haut et fort le turbulent « pointeur », alors que Pierre Assouline, rectifiera : bonjour à toutes et à tous . Pourquoi oublier la moitié de l’humanité, il est vrai ?

Le ton est d’emblée donné. Car le salut volontairement provocateur du parfois très agaçant FOG sera vite « rectifié », avec élégance, par l’académicien de chez Goncourt.

Et paf : un-partout, la balle au centre ?

Reprenant le fameux titre du poème de Rudyard Kipling, dans sa biographie, Pierre Assouline a réussi à décrire précisément son travail de biographe, entre les interruptions volontaires et bavardes d’un FOG toujours aussi autocentré ! Peu importe, spectacle assuré.

A noter cependant que son ouvrage navigue entre roman et biographie : un nouveau genre ?

Après une dizaine de biographies à son compteur, Pierre Assouline explique admirer Rudygar Kippling pour son talent sans pour autant l’aimer. (Le caractère germanophobe de l’auteur du « livre de la jungle« y est probablement pour beaucoup ?)

Nuance non négligeable dans le travail de biographe. Confiant accorder quatre-vingt-pour-cents à la recherche dans les archives, Pierre Assouline soulignera l’importance primordiale de la Voix. Selon lui, son intonation vaudrait toutes les archives du monde pour « capter » la substantifique moëlle du « sujet » d’étude.

Et Pierre Asouline de préciser à son prestigieux interviewer que certaines de ses questions paraissent quelque peu superficielles, style, « qui est votre écrivain préféré  » ?, etc, etc. Le travail de biographie ne relevant pas d’un tiercé gagnant, mais d’une étude où la complexité prime, au fur et à mesure de l’exploration.

Quant à Edgar Morin (« Les souvenirs viennent à ma rencontre« ), sans doute du haut de ses 98 ans, il sera un peu plus « ménagé » dans son traitement que son prédécesseur !

Ceci dit, ce « pascalien » convaincu, après avoir rejeté le communisme comme une erreur de jeunesse, expliquera que « le roman donne réalité à l’imaginaire. La biographie révèle le romanesque de la réalité. Quant à l’autobiographie, nul n’est mieux ni plus mal placé que soi-même pour faire sa propre biographie« ?

Tout est dit.

Son secret ? Avoir su garder intactes son âme d’enfant et sa curiosité.

A 98 ans, il applique à la perfection la devise d’un Picasso qui disait avoir mis toute une vie à réussir à peindre comme un enfant.

Sans négliger pour autant l’importance de toutes les femmes de sa vie. Un point de convergence assuré avec notre inénarrable FOG !

Tu seras un homme mon fils par I Muvrini et Grand Corps Malade

L’ « Ambigu », comique ?

 

Et un mot de plus au compteur !
Merci au cousin germain de l’illustre chef d’orchestre lillois, Casadesus ! : Frédérick, de son prénom, journaliste, présentait son ouvrage au festival nîmois de la biographie :
« Douze protestants qui ont fait la France » .
Il ne s’agira pas ici des douze apôtres, encore moins des douze salopards, mais presque.
Edgar Morin, l’infatigable, signait quant à lui à la table voisine, ses dédicaces au Carré D’art ; juste après son intervention au théâtre Bernadette Lafont.
En attendant Assouline, perdu dans les mondanités du turbulent FOG, surgit un expressif journaliste, issu de l’ illustre famille d’artistes.
Dans la famille Casadesus donc : le fils du père, directeur du théâtre « l’Ambigu Comique » à Paris.
A lui, ce jour de partager une anecdote familiale :
« L’ambigu« , c’est le nom donné au petit souper que l’on prend avant ou après une pièce de théâtre » confiait-il tout sourire ;
« C’était le nom du théâtre de mon père « l’ambigu ». Il avait beaucoup de qualités, vous savez , mon père, mais une lui faisait cruellement défaut, il n’avait pas d’humour. C’est pour cette raison peut-être que l’adjectif comique a disparu de son théâtre. »

C.Q.F.D .

dimanche 19 janvier 2020

« Sol d’hiver » !

 

Les trois lettres du titre condensent magistralement à elles seules toute la problématique de cette histoire familiale de transmission entre une grand-mère artiste présumée morte et un petit-fils plus que vivant.

Sol, outre la connotation de clé musicale de la note , argentine ici en l’occurrence, outre la référence à la puissance du soleil qui éclaire mais brûle aussi parfois, c’est avant tout le diminutif du prénom de l’actrice principale, Solange, excellente dans ce rôle à contre- emploi de Chantal Lauby.

Cette ancienne Diva, chanteuse et danseuse de tango argentin, partie vivre sa vie de femme libre à Buenos-Aire avait coupé les ponts avec ses descendants.

C’est le sublime et charismatique absent musicien disparu autour duquel tous les personnages du film se concentrent : son jeune fils, Jo, sa veuve, Eva (Camille Chamoux) et la Diva sur le retour, qui à défaut d’avoir été une mère, cherche à jouer les grand-mères. En usurpant son identité, portant ainsi le masque d’une sorte de « Marry Poppins » improvisée.

Même si le scénario reste un peu tiré par les cheveux et les ficelles un peu trop apparentes, on se laisse happé par cette épineuse tentative de « retrouvailles » sur le tard, où les questions d’inné et d’acquis sont mises en exergue.

Réussite globale pour ce premier long métrage de Jezabel Marques, puisque, malgré quelques clichés, l’émotion grandit de plus en plus en avançant dans l’histoire ; avec un suspens évidemment modéré vu que le but final est d’emblée compris. Mais comme on dit, c’est le cheminement qui vaut le détour…

Quelques scènes percutent comme celle du petit Jo demandant une explication à sa maman et grand-mère (encore pas dévoilée) sur le poème de « La Cigale et la fourmi« .

Beaucoup d’humour aussi dans les dialogues avec musique hispanisante hypnotique comme le tango.

Sorti le 8 janvier, ce « sol » d’hiver ne peut que rasséréner !

Sans trop brûler, écran -presque- TOTAL oblige.

jeudi 16 janvier 2020

L ’embellie du pont de janvier

 

Gainsbourg évoquait dans un texte son fameux "gloomy sunday", et à une autre échelle, "gloomy janvier" pourrait faire ici écho.

Selon des doctes études, le troisième vendredi de janvier serait le jour le plus déprimant de l'année, à en croire les statistiques.

Quelque soit la météo, reste la possibilité de glaner quelques "embellies" ici ou là.

Quand les nuages gardois se mirent dans le Gardon . Rares percées de ciel bleu sur le petit village médiéval.

lundi 6 janvier 2020

Le rituel des vœux, anachronique ?

 

Bienvenus dans les nouvelles années 20 ! Espèrons qu’elles soient plus « folichonnes » que celles du début de siècle précédent !

Course à l’innovation technologique et numérique en vogue, les traditionnelles cartes de vœux ne s’entassent plus vraiment dans les bureaux postaux ! C’est un doux euphémisme.

De là à passer pour « ringard« , il n’y a qu’un pas !

Ceci dit, pour les littéraires ou ceux qui assument leur authentique « goût des autres« , cette occasion annuelle permet parfois de resserrer des liens trop distendus par l’espace ou le temps. Avec toutes générations, qui plus est.

Un peu comme la fonction « phatique  » du langage avec le « bonjour », « au revoir« , les vœux permettent surtout de reconnaître l’Autre (que soi -même) en tant qu’Autre, ce qui est déjà le début de…. la civilisation.

D’où l’importance du banal « bonjour » ou « au revoir », même à l’inconnu que l’on croise en baladant son clébard, histoire de lui signifier sa primordiale « reconnaissance ». Ne pas saluer signifie implicitement la négation d’autrui. Peu s’en soucient. Dommage car c’est là le début de la fin.

On appelle cette première fonction du langage « phatique » dans le sens, « altruiste » : je signifie à autrui qu’il existe en dehors de moi-même, tout puissant et nombril du monde.

Dans ce droit fil, souhaiter tout le bonheur du monde à ceux qui ont compté, comptent ou compteront pour nous, ne relève pas tant de l’utopie béate que du souhait, si possible sincère, et pas que « commercial » ou « utilitaire » de « pacification  » des relations.

Un peu aussi comme une annonce de « pacte de non agression  » annuelle, ce qui n’est déjà pas si mal. Pour peu que l’on soit conscient de ce geste.

Certains bien intentionnés nommeraient cela « le bien vivre-ensemble« , sauf que par expérience, ce sont souvent ceux qui ânonnent le plus « le bien-vivre ensemble » qui se montrent les plus prompts à la goujaterie voire l’intolérance… allons comprendre !

Bref, si nous abordons à nouveau (?) les nouvelles années 20, cédons si possible à la tentation d’altérité voire d’altruisme, histoire de se rappeler que nous ne sommes pas des chiens !

Apprendre aux minots dans les petites classes, à écrire des lettres de vœux serait un exercice aussi convivial que la galette des rois. Un peu plus fastidieux certes, mais signe remarquable de développement durable !

Chiche ?