lundi 8 juillet 2019

Education Nationale : le discours et ... la méthode ?


La saga estivale des " rétentions de copies " par les agents de l'état que représentent les professeurs, pour manifester leur désapprobation à la Loi Blanquer risque de tourner au vinaigre : avouons que le professeur a parfois une fâcheuse tendance à se prendre pour le nombril du monde, tout- puissant qu'il peut éventuellement se sentir dans sa classe.  Fâcheuse tendance aussi à oublier son rôle premier d'agent du service public, au service de ses élèves donc. Et non l'inverse.
Prendre des élèves en otage de cette étrange manière relève d'un curieux rapport à sa mission.
Si l'épreuve du Bachot revêt un caractère un brin désuet à notre époque, il n'en demeure pas moins que la crise de confiance induite par ces incidents restera gravée dans la mémoire de nos ados.
De ces " épreuves " ressortira un flagrant sentiment d'injustice pour ceux qui subiront ces incohérences.
La  France s'illustre, une fois de plus, par son incapacité chronique au dialogue social et cet épisode cible à quel point le dialogue de sourds peut se heurter : un mur. Quant à l'argument éventuel de " désobéissance civique " il ne tient pas la route en telle occurrence.
La question que l'on peut se poser en de pareilles situations : à qui profite le crime ?
Sûrement pas aux professeurs impliqués, encore moins au Ministre de l'Education dont la méthode  est aussi  légalement contestable que celle de la rébellion ( même si " couverte " par le droit de grève selon certains juristes )  , et encore moins aux élèves dépités.
Entre les beaux discours sur l'école de la confiance auxquels on aurait tant aimé croire un peu, et la méthode, le gouffre se creuse. Dedans les élèves.
Un peu comme ceux qui nous gouvernent inciteraient à la bienveillance affichée  Urbi et Orbi, et se livreraient en interne à des jeux de rôles aussi indignes que puérils.
Peut-être serait-il temps que nos gouvernants commencent par tenter de se respecter eux-mêmes a minima pour devenir respectables ?
C'est peut-être là que commence l'Utopie ?

http://www.snepfsu.net/ftp2/peda/fde/competences_enseignants.pdf



vendredi 14 juin 2019

Roxane : la poule et le comédien !

Bingo pour le premier film de Mélanie Auffret ,immergé dans une Bretagne nord avec plus d'une corde à son arc !
Les 12000 figurantes à plumes ne sont pas si stupides que la réputation de gallinacées qui les précède, et leur chef de file , Roxane, blanche comme neige, dévoile des talents surprenants d'actrice . Elle suit son maître Raymond comme un petit chien, perché sur le siège avant de sa voiture . Il faut bien dire que notre inénarrable Guillaume de Tonquédec , est excellent en Raymond Leroux résistant face à l'industrie agricole qui ne pense qu'à ...." plumer " les petits producteurs locaux .
La réalité dépasse d'ailleurs souvent la fiction à écouter la réalisatrice qui s'est inspirée d'une expérience vécue : un éleveur parlait à ses vaches et cette vision lui a tellement semblé inédite qu'elle l'a sublimée en la transférant dans le monde avicole !
Notre héros ( 5693 œufs pour jour pour la coopérative )  qui a découvert sur le tard Cyrano de Bergerac lit quotidiennement à sa volaille cette littérature . Il ne se résigne pas et cherche par tous les moyens " the idée" pour sauver ses ouailles. Ses " filles" comme il les appellent auront droit ensuite à l'avare de Molière, progression collective oblige !
C'est sa prétendue ennemie " Wendy ", ancienne professeur de littérature anglaise et voisine, qui lui apprendra la maîtrise du français pour rentrer en résistance !
Un tandem cocasse dont l'alchimie fonctionne vu les trouvailles parfois hilarantes. Derrière l'humour très british pointe avec efficacité la problématique du monde paysan avalé par les grands groupes.
La réalisatrice aborde très subtilement  le sujet sous forme de conte ou d'une fable de La Fontaine.
Léa Drücker n'est pas à la traîne non plus comme employée du Crédit Agricole plus habituée à fermer les comptes des affaires agricoles en faillite qu'à en ouvrir.
Cerise sur l'omelette finale, la musique de Gaétan Roussel et ses textes denses qui révèlent l'âme celte de résistance , de courage et d'innovation à toute épreuve.
Une belle immersion dans le manège non enchanté des petits producteurs qui ne lâcheront pas si facilement la poule aux œufs d'or !
A ne pas rater .


lundi 10 juin 2019

D’ORMESSON, MON GÉNIE ! « Ne vous laissez pas abuser. Souvenez-vous de vous méfier. Et même de l'évidence : elle passe son temps à changer. Ne mettez pas trop haut ni les gens ni les choses. Ne les mettez pas trop bas. Non, ne les mettez pas trop bas. Renoncez à la haine : elle fait plus de mal à ceux qui l'éprouvent qu'à ceux qui en sont l'objet. Ne cherchez pas à être sage à tout prix. La folie aussi est une sagesse. Et la sagesse, une folie. Fuyez les préceptes et les donneurs de leçons. Faites ce que vous voulez. Et ce que vous pouvez. Pleurez quand il le faut. Riez. J'ai beaucoup ri. J'ai ri du monde et des autres et de moi. Rien n'est très important. Tout est tragique. Tout ce que nous aimons mourra. Et je mourrai moi aussi. La vie est belle. » Jean D’Ormesson

jeudi 30 mai 2019

Marseille : le grand nettoyage de printemps ?


Une course inédite était programmée ce jour à Marseille, plage des Catalans, avec vingt équipes de  deux kayakistes chacune au défi assez surréaliste : ramasser le plus de déchets de la " Grande bleue " et retrouver le sac plastique Saphir ! Résultat des courses impressionnant avec trottinettes, bouteilles, gouttières et autres joyeusetés dans les filets.
Il faut dire que WWF a depuis longtemps lancé l'alerte quant à la pollution édifiante de la Méditerranée par le plastique.
Le jeu en vaut-il-il la chandelle, outre l'opération de COM du moment ? That is the question.
Surtout à l'heure où les mégas bâtiments flottants charriant des milliers de touristes sur les quais polluent le littoral à la vitesse grand V.
Tels les shadoks, les kayakistes pompent, pendant que le tourisme de masse afflue à grand renfort de gazole.
Une petite goutte d'eau dans la Méditerranée devenue une véritable poubelle sous-marine.
A la manière des Colibris de Pierre Rhabi, nos sportifs s'activent avec sincérité et pugnacité, bénévolement qui plus est .
Pour laisser place nette aux croisiéristes sans doute qui eux payent bombon pour le droit de polluer, en toute impunité.
Sans doute le principe des vases communicants voire communiquants ?

Communication oblige.


vendredi 10 mai 2019

" L'adieu à la nuit "

Saluons le courage des comédiens qui se sont engagés auprès d'André Téchiné pour ce sujet oh combien "sensible", dans tous les sens du terme !
Muriel, ( Catherine Deneuve ) se prépare à recevoir son petit-fils Alex avec allégresse, d'autant plus qu'elle le voit rarement.
Sa joie sera de courte durée lorsqu'elle découvrira que son petit-fils, toujours sous tension, remonté comme une pendule,se prépare à une nouvelle vie ; pas au Canada comme annoncé, mais en Syrie.
L'intrigue ici efficacement posée,il s'agira pour cette grand-mère de sauver son petit-fils, malgré lui, et par tous les moyens.
Dans la bucolique région des Pyrénées orientales, en Occitanie, le décor équestre familial contraste avec la gravité du sujet traité, toujours en nuances et délicatesse, sans manichéisme.
L'occasion de plonger dans les tréfonds des motivations qui poussent des jeunes non-croyants en perte de repères et de reconnaissance à épouser une cause fondamentaliste qui les dépasse.
De quoi mieux comprendre que les racines de ces engagements radicaux ne se trouvent pas où l'on pense, mais plutôt dans l'urgence de trouver un sens à sa vie et une place pas encore trouvée pour x raisons. Alex, en l'occurrence ne s'est jamais remis de la disparition de sa maman et du remariage de son père dans les îles.
La détermination et la ténacité de cette "grand-mère courage" incroyablement incarnée par une Catherine Deneuve "nature" invite au respect.
Elle n'hésitera pas à approcher Fouad, un repenti, fiché S,  pour tenter de sauver son petit-fils, manipulé depuis le début par sa petite amie.
L'éclipse solaire du premier plan et les derniers mots du film encadrent cette descente aux enfers d'une manière sublime, avec la touche d' espoir vital nécessaire, toujours en filigrane.
Un film d'utilité publique pour combattre ignorance et préjugés dans un phénomène de radicalisation de la jeunesse inquiétant.
Quelles que soient les radicalisations, d'ailleurs, ici fondamentaliste islamiste, mais qui pourraient se décliner dans d'autres leurres, tout aussi toxiques.