mercredi 2 octobre 2024

Voyage accéléré en " cartes postales " !


 Moments suspendus devenus presque anachroniques : quelques mots tantôt creux, tantôt tout en profondeur se sont immortalisés sur ces petits bouts de cartons devenus désuets.

Photo Hélène Samzun-Dehaspe
Il aura fallu ouvrir la valise remisée en cuir marron de mon grand-père marin pour redécouvrir toute une collection amassée depuis presque un demi-siècle .

Et toute la vie  se met à défiler à la vitesse grand V en parcourant ces mots denses et courts qui frappent l'âme,  tels parfois des slogans publicitaires.

L'art de faire court et direct en toute simplicité pour juste signifier son lien d'attachement . Ecrire vite, comme un "instantané " qui s'éternisera ad vitam eternam dans le coeur du destinataire élu !

Qui lui même, en un éclair, recevra le message, simple, direct et sincère. Et le savourera à sa guise en le relisant à l'envi.

 De ces " instantanés " enfouis ressortis de leur valise a jailli la lumière dans la grisaille automnale.

Les camarades d'enfance et leurs vacances en Catalogne, les professeurs de latins oubliés et ressuscités, la grand-mère disparue à l'écriture si calligraphiée , sans faute aucune , malgré son simple certificat d'études,  les correspondantes allemandes ou anglaises jusque là oubliées : tout le bonheur de vivre est remonté à la surface en un instant de lecture si rapide . 

Toute la simplicité des disparus ou pas ressurgie en bouquet de vie éternelle !

A cet instant précis, j'ai compris tout l'attrait de ces correspondances spontanées qui ne coûtent rien , un peu comme un simple sourire offert.


L'acte serait quasi gratuit s'il n'était pas un peu timbré ! 

Tout le plaisir de cette gratuité du don condensé dans ces petits cartons colorés qui nous font traverser l'espace et le temps en un quart de tour .

Et le merveilleux voyage commence, de la côte de granit rose à l'Acadie au départ de Quiberon où l'on replonge dans les années perdues ici retrouvées. Ici l'île Berder  et la congrégation des petites soeurs de Saint-Jospeh ...

Et les mots des ancêtres que l'on redécouvre  prennent d'autres sens inimaginables ... Les strates temporelles apportent ici leur nouvel éclairage. Bon sang, mais c'est bien sûr : pourquoi n'ai-je pas percuté à l'époque ? En voici une emplie d'une vingtaine de signatures en guise de texte , illustrée de " journée formidable à Guérande " ! Mais qui sont-ils tous ?

Et cette myriade de cartes fleuries  d'anniversaire, surannées,  qui défilent au gré des ans : sans oublier la petite " image " bancaire ajoutée par le grand-père bellilois qui va avec ,ici pour les 19 ans !

Toutes ces pièces d'amour , si gratuites et si précieuses à la fois, ressurgies de cette valise ancestrale. Elle-même a fait le tour du monde dans ses mains besogneuses. Je n'étais pas née pour ce tour du monde maritime outre-atlantique.  

 Et quelle belle initiative avait eue notre  talentueux photographe local bellilois d'ajouter à ses créations  artistiques des extraits de poètes en concordance ! Personne n'a su égaler son art depuis quarante ans.

 Il est grand temps de ne pas abandonner cet usage d'un autre temps . 

C'est juste le voyage " en cartes postales"  . Rapide comme l'éclair et éternel à la fois .

Celui qui nous relie tous les uns aux autres : ceux qui ont su choisir entre AVOIR et ETRE eux-mêmes !


jeudi 26 septembre 2024

L'odeur des " truffes de mer " !

 Alexandre Dumas les nommaient " les truffes de mer " tant il en était adepte.

Qu'il soit plat ou creux, d'Ostende ou d'Espagne, ce bivalve en a fait saliver plus d'un . Son apparence extérieure tel un roc contredit son coeur tendre, qui bat au gré des mouvements lunaires.

Casanova en était friand disait-on et sans -doute était-ce son carburant pour séduire toujours plus ?

L'image bucolique trouvée par Alexandre Dumas s'apparente  pourtant aux antipodes de la couleur translucide de cette prétendue perle rare . Du noir, il passe allégrement au translucide.

Elle conserve le goût d'une madeleine de Proust pour certains nostalgiques d'une enfance disparue ; pas facile d'accéder à sa chair tant convoitée et si protégée : il faudra s'armer d'un couteau suisse si possible  :

nous évoquons bien sûr l'huître aux apparences si trompeuses ! A elle seule tout un oxymore . Tout dépendra en somme l'accompagnement culinaire.

Dommage que son Q. I.  ne soit pas à la hauteur de sa réputation  somme toute ,toute maritime.

Mais est-ce ce qu'on le lui demande finalement ?

mercredi 11 septembre 2024

Le vaisseau volant


Dans la petite église maritime,

Il a embarqué en fin ultime,

Sur le vaisseau volant 

qu'il observait enfant

de choeur ,

de coeur,

vers des rivages 

sans âge.


 

mercredi 28 août 2024

Le bateau ivre ?

 L'ivresse de la démesure ou le sentiment de toute puissance incarné par le Dieu grec Hybris ne serait donc  pas qu'un mythe ? La réalité nous offre de nombreux exemples de personnages atteints du syndrome du sauveur, quasi messianique . Si l'on se référe à l'Histoire biblique , hélàs, le Sauveur  a fini par payer  cher de sa personne providentielle ...malgré sa résurrection supposée ou avérée.

Margaret Thatcher ou David Lloyd George seraient des cas d'école certifiés  en la matière selon les spécialistes . Ils ne sont pas les seuls apparemment

 Certains ont laissé des traces mémorables comme Louis II de Bavière et son  incroyable château repris par Wald Disney pour ses contes. Ces personnages souvent hauts en couleurs, surestimant leurs capacités par rapport à autrui qu'ils estiment souvent " inférieur " , ne connaissent que le rapport de force, dominant/ dominé, réduisant ainsi leurs relations et leur rapport au monde à une vision des plus manichéïstes et donc très limitées. Ainsi le sauveur en question, persuadé de supériorité sur autrui, se servira des autres  comme des instruments pour asseoir si possible sa quête de reconnaissance insatiable . Pour peu qu'un grain de sable ne vienne saboter ses rouages, et tout l'édifice manque de s'écrouler.

Toute ressemblance avec des faits réels n'est pas vraiment que pure fiction en l'occurrence.

A l'opposé, on découvrira son antonyme  grec : Sôphrosune avec l'éloge de la mesure et de la modération ; moins captivant au premier abord, cet attribut a pour intérêt  et non des moindes ,son endurance et sa fiabilité .

Si dépasser ses limites peut rester une vertu dans le cadre des jeux ( para ) olympiques, il n'en demeure pas moins , qu'hors cadre, des radars de détection s 'imposeraient pour la sécurité publique !

Au secours Rimbaud, ils sont devenus fous !



dimanche 25 août 2024

"The first father"

Belle surprise de rentrée au cinéma avec "le roman de Jim" des frères LARRIEU, adapté du roman de Pierre Bailly sur le sujet d'une paternité des plus atypiques. Malgrè une première demi-heure de mise en place un peu lente.

L'écrin naturel du Jura et la ville de Saint-Claude servent le décor naturel à Aymeric et Florence (Karim Leklou et Laetia Dosh) qui se sont rencontrés lorsque Florence était enceinte de six mois, sans père déclaré. Aymeric, accueille le petit Jim comme son fiston et l'élévera comme tel, avec des liens forts d'attachement et tout l'engagement nécessaire. 

Tout bascule le jour des sept ans de Jim où le géniteur réapparaît d'outre-temps, endeuillé.

Les profonds liens du coeur entre Aymeric et Jim sont mis à mal par les "expériences" inédites que prétend vouloir mener Florence : vivre avec son fils, Aymeric et le géniteur sous le même toit, près de sa mère Monique.

L'intérêt  primordial de l'enfant semble lors de cette odyssée de la paternité mis à l'écart, selon le bon vouloir de sa mère qui ne suit que ses "expérimentations", jusqu'à aller vivre au Canada pour couper les ponts.

L'expérience de trop sans doute pour Aymeric, désorienté ?

L'intensité dramatique, la profondeur et le sens montent crescendo durant ce film tout en subtilités et nuances qui met en lumière les liens fondateurs d'une paternité hors norme et prouve à quel point, si besoin était, que les liens du coeur prévalent souvent sur la génétique.

Les liens père-fils tissés pour la vie entre les deux protagonistes démontrent surtout, dans ce long cheminement de quête quasi initiatique, que le coeur a ses raisons que la raison ignore.

A ne pas manquer en cette rentrée pour la profondeur et le sens pluriel du mot filiation et mieux comprendre le déchirement  intérieur d'un enfant balloté entre deux mondes qu'il  n'a pas choisis, avec les mensonges éhontés de ceux qui l'ont capté tel leur objet pour leur convenance personnelle du moment. 

A noter la délicatesse infinie du jeu de Sara Giraudeau, qui, elle, est bien la fille de ses parents acteurs !