vendredi 5 janvier 2024

Janvier : le mois des voeux ?

Le plus petit singe du monde .
 Photo V. Dehaspe

 Que l'on y croit ou pas, un peu comme au Père Noël, la tradition  des voeux donne au mois souvent sinistre d'après-fêtes une note d'espoir à tous ceux qui les profèrent et évidemment par ricochets à  ceux qui les reçoivent.

Il est d'usage, quand on vit en société du moins,  de réaffirmer ses liens proches ou moins proches en cette saison .

Qu'ils soient souvent contraints dans le milieu des affaires pour maintenir des liens d 'intérêts, ou plus sincères, ils ne coûtent pas grand chose à ceux qui les offrent et rassèrénent ceux qui les recoivent.

Un peu comme les sourires, mais hélàs moins contagieux , ils apportent ondes positives aux relations humaines parfois distandues dans l'espace ou le temps. D'instinct, celles et ceux à qui on sourit répondent souvent . Que les insensibles à ce rituel annuel - anachonique ? - passent leur chemin  ! Cet acte apparemment gratuit, qui  "ne mange pas de pain"  comme on pourrait ajouter, n'est cependant pas si anodin  :  il révèle tout simplement l'intérêt que l'on accorde à autrui. Dans son entourage proche comme lointain.

Comme pour  les sourires, plus instinctifs, celui qui émet ses voeux  apprécie l'échange et la réciprocité... pas toujours au rendez-vous.

Que penser de ceux qui  les recoivent en laissant lettres mortes les bonnes intentions  le plus souvent désintéressées ?

 RIEN.

Un peu moins que les sourires, les - bonnes - intentions ne semblent pas aller de soi . Pourtant ce sont elles qui sont à l'origine de toutes les graduations de nuances apportées aux relations .

Peut-être comme pour le rire cher à Bergson, nous distinguent -elles  du monde animal ? A moins que certains de nos ascendants singes se sourient ? A vérifier ! Mais à ma connaisance, aucun ne s'est déjà adressé les voeux en cette saison. D'une manière ou d'une autre. 

Le mois de janvier quoiqu'il en soit symbolise le mois des voeux, toutes générations et nationalités confondues,  qu'ils partent en fumée ou se réalisent in fine. Et peu importe le support pourvu qu'on ait l'ivresse  certes éphémère.

A tous ceux qui sont dépouvus de ces louables intentions, aucun procès d'intention ne leur sera intenté puisqu'ils en semblent dénués. Sans doute un handicap relationnel ?

 Puissent-ils au moins apprendre à savoir un peu sourire - gratuitement- qui plus est ! Au cas où cela s'apprenne...






jeudi 4 janvier 2024

Le syndrome de l'imposteur ?

 Alors que je repérais un passage assez " renversant " dans un livre de Bernard Werber , sur le syndrome de l'imposteur développé chez certains éléments très doués dans un milieu professionnel où les médiocres sont au pouvoir par loyauté à celui qui les y a placés, où l'excellence est bannie, histoire de ne pas trop faire d'ombre, un de mes fils me fit cette remarque et m'apprit ainsi un nouveau mot . Le premier " gros mot " de l'année 2024 lié à ma trouvaille :

La Kakistocratie ! Que la sonorité de couleur caca d'oie  n'induise pas non plus dans une fausse direction, à savoir militaire ! Venue de la Grèce, ces deux racines éthymologiques renvoient donc au mot " pouvoir " et au mot " médiocres"  ! A ceux qui se plaignent de vivre en Démocratie, certes imparfaite, qui préférent la Royauté ou les Dictactures, une autre réalité tangible existe donc . Le règne des médiocres par loyauté à ceux qui les y ont placés pour asseoir leur pouvoir, quasi mafieux ! 

En allant plus avant dans la recherche des définitions, on apprendra donc que ce mode de fonctionnement n'existe pas que dans les romans de  Bernard Werber mais parfois dans certaines réalités professionnelles où chacun est invité à ralentir son rythme, à ne pas trop réfléchir pour innover et encore moins à faire avancer le schmilblick cher à feu Coluche ! Bref, s'adapter aux dysfonctionnements structurels plutôt que de chercher à les résoudre : rester et s'adapter à la loi inepte du silence ou partir.

Sauf que ce " fameux syndrome de l'imposteur " s'il est parfaitement contre-productif engendre de sérieux dégats, à commencer par la confiance en son talent. Puisque ce  présumé talent est jalousé au mieux et craint au pire, il conviendra de le faire étouffer dans l'oeuf. D'une manière insidieuse ou d'une autre plus drastique . Curieuse approche d'opérer il est vrai. On se demandera alors tout naturellement, mais à qui profite ce crime ?

Les dictatures ou fonctionnements mafieux connaissent bien cette petite musique anesthésiante pour ceux qui la subissent. La méthode permet de conserver ad vitam eternam les tyrans de tous acabits au pouvoir. A grande échelle comme à petite échelle .

Pas étonnant que de nombreux jeunes  ( ou moins jeunes ) talents quittent notre pays à ce train là : c'est ce que les anglo-saxons appellent the Brain Drain (  la fuite des cerveaux ) ! Peut-être se sentiront -ils mieux à leur place ailleurs puisque celle qui leur est impartie chez eux  les renvoie à ce fameux " syndrome de l'imposteur ". Quand les plus talentueux doutent constamment et les moins doués ne se remettent jamais en cause.

Comme quoi notre place n'est pas toujours à celle que l'on croit, que l'on veut ou que l'on imagine . 

Quelle imposture !





lundi 4 décembre 2023

Wanda ou l'art épistolaire !

 A la neuvième édition paloise du festival " les idées mènent le monde ", c'était un peu le même principe qu' au festival d'Avignon : à savoir, le programme officiel d'un côté avec les 23 " pointures  " invitées comme Costa Gavras, Philippe Labro , Jean Birnbaum ou Patrice Duhamel, et le programme "Off " en parallèle.

En sous-sol du magnifique Palais Beaumont se produisent aussi parfois de belles rencontres plus interactives. Des écrivains sur le mode plutôt artisanal tentent aussi de partager leur passion avec le public intéressé. Des poètes, des nouvellistes, des auteurs de polars et cette fois-ci une ancienne professeur qui s'adonne à l'art épistolaire, non sans malice.

Après ses deux premiers romans (" J'ai pas ma place "* et " la mémoire écrasée "*) assez sombres voire douloureux, Wanda Koméza, née en Gascogne, d'origine polonaise, s'amuse en se mettant dans le peau d'anciennes étudiantes qui écrivent à leur professeur de philo.
Treize lettres à la chute inattendue toujours, auxquelles les réponses apportées par le professeur ne sont pas toujours celles que l'on attendrait.

Le ton humoristique apporte un peu de légéreté à des sujets pourtant bien inquiétants parfois.

J'ai un peu voulu prendre une revanche sur tous ces sans-gênes, ces pique-assiette et autres profiteurs " que l'on subit parfois sans rien dire, confie-t-elle avec son regard aussi profond que pétillant.

Treize lettres savoureuses à lire, illustrées par Pierre Lafontaine. Un style totalement différent de ces deux précédents ouvrages. Ou l'art et la manière de se réinventer à chaque fois ?

Sa dédicace en dit long sur ces intentions épistolaires : "Vous sera-t-il aisé de les éviter, tous ces fâcheux, ou de vous moquer d'eux ? Joyeuse lecture ! ".


* " J'ai pas ma place " chez Mon Petit Editeur 2016

* " La mémoire écrasée " chez l'Harmattan 2018

* " Que répondez-vous, Professeur " ? Le lys bleu.


jeudi 30 novembre 2023

" Les rapaces "

 Sycophante . 

Un gros mot pour définir le travail précis et rigoureux d'une enquêtrice tenace ? 

Pour les grecs, il s'agissait du nom attribué à ceux qui dénonçaient les voleurs de figues ! Des lanceurs d'alerte en quelque sorte pour les uns, des délateurs pour les autres ?

Ainsi pourrait se définir  Camille Vigogne Le Coat, dans le sillage d'une Ariane Chemin .

Les amateurs de polars seront servis avec cette nouvelle enquête sur les affairistes varois et leur modus operandi décortiqué à la loupe, preuves irréfutables à l'appui. 

Un ouvrage clair et limpide qui se lit d'une traite pour ( re) découvrir un système qui certes précédait les élus locaux actuels , selon les confidences d'un  François Léotard lui même. 

Les amateurs de fiction n'ont pas à aller chercher bien loin quand la réalité la dépasse souvent de loin à lire cette enquête minutieuse. On comprendra ainsi facilement tout le sens donné à la maxime populaire : " quand le bâtiment va, tout va..." .

Une idée de cadeau de noël abordable et instructive   grâce à la détermination d'une enquêtrice qui n'a pas froid aux yeux !

* " Les rapaces " aux éditions des Arènes.

samedi 4 novembre 2023

Les génies des maths !

 A ceux qui désespèrent de comprendre le monde des mathématiques et encore moins les matheux, une seule prescription : "Le théorème de Marguerite" d'Anna Novion. Il en faut bien du talent pour rendre un sujet aussi pointu que le monde des chercheurs en mathématiques si captivant. 

Marguerite, élève brillante était sur le point de présenter sa thèse de recherches à l'école normale sup, soutenue auprès de son professeur Werner (Darroussin en chercheur froid, orgueilleux et obstiné) lorsqu'une question posée par un second doctorant vient ébranler toutes ses certitudes. Mentoré par le même professeur, ce surdoué (Julien Frison de la comédie française) mène aussi l'enquête sur la conjecture de Goldbach.

La dérive de Marguerite avec les chinois
 (Anna Novion/Pyramide Films)
 
Le long cheminement de cette élève, aussi géniale que coupée du monde qui l'entoure, est retracé ici avec brio, nuances et rebondissements.
A ceux qui n'y comprennent absolument rien à la passion dévorante des maths, comme à ceux qui la partagent, est dépeint ici le feu sacré de tout chercheur.

Les presque deux heures de sa chute à la renaissance dans ce milieu si fermé des chercheurs filent à la vitesse grand V tant les personnages sont profonds et attachants.

Clodilde Courraud, la mère de Marguerite dans le film, qui a repéré le "don" de sa fille lorsqu'elle l'aidait à corriger ses copies de maths au collège, apporte un peu la clé psychologique du fonctionnement de ce personnage atypique par son histoire familiale.

Personnages atypiques pour genre atypique, à la croisée du thriller psychologique, du drame et parfois même de la comédie romantique.

Une belle surprise pour cette rentrée cinématographique, présentée hors compétition au festival de Cannes en mai dernier.