Bernard Pivot, grand amateur de football, de gastronomie et de littérature avait un jour « commis » cet avis au sujet de la détérioration du niveau de l’orthographe chez les élèves français : « Il ne viendrait à personne l’idée de changer les règles du jeu lors d’un match de foot » , en fonction de l’environnement, du climat, ou autres paramètres ! Une analogie que l’on pourrait transférer aisément au monde de l’orthographe, n’en déplaise à Jacques Prévert et ses très grandes fôtes. Assumées et mises en poème.
Ainsi, les mentalités mettant beaucoup plus de temps à évoluer que le langage, il semble parfois plus pratique de modifier les mots, quitte à ce que ce soit au « forceps » ! L’heure est donc si ce n’est à discuter du sexe des anges, à discuter du genre des mots. Entre autre. Madame la Ministresse, Madame la Proviseuse ? Certains seraient brusquement à bannir du vocabulaire ambiant, histoire justement de réécrire l’Histoire à la sauce idéologique du moment. Une sorte de « révisionnisme inversé » ?
Féminiser les mots quitte à les défigurer reviendrait à faire accélérer le féminin d’une manière brutale faute d’avoir fait avancer suffisamment la cause des femmes. C’est ce que dénonce Jean-François Revel dans « Cinglé.e.s » : un « sésame démago » d’opportunisme politique.
Si l’orthographe n’est pas une sinécure, elle pourrait un peu s’apparenter à une forme de politesse ou de civilité. Se donner du mal pour apprendre ses codes reviendrait à se donner du mal pour « jouer le jeu » collectif, par respect au moins pour les autres joueurs, si ce n’est pour soi-même.
Personne ne se trouvant à l’abri d’une faute, volontaire ou pas, il faudrait alors trouver l’arbitre loyal pour relancer le jeu.
Qui en vaut la chandelle.