A peine les mimosas fanés, arrive à grands pas le " Printemps des poètes ", histoire de sortir de l'hibernation.
Pour une rare fois, cette année, le vent d'outre-atlantique souffle la poésie sur nos écrans, avec :
" La forme de l'eau ", fraîchement primé de quatre oscars pour le réalisateur mexicain, Guillermo del Toro.
Voyage onirique dans un décor baroque et surréaliste qui navigue entre le monde sous-marin de Jules Verne et les fantaisies surréalistes d'Amélie Poulain. En atteste la sublime affiche prometteuse.
Version revisitée évidemment du mythe de " La Belle et la Bête " sur éclairages en camaieux bleu-vert : couleur " glazig " dominante, comme savent seuls la distinguer les Bretons.
Dans un laboratoire gouvernemental tenu secret, Elisa ( Sally Haukins ) petite femme de ménage, quasi transparente et sans intérêt pour les ambitieux cyniques au pouvoir, sera le grain de sable qui enrayera la machine. La faiblesse de son expression par langue des signes contraste avec la densité de sa vie intérieure. Face à l'agent ambitieux, Michael Shannon, caricature de l'américain binaire, pétri d'auto satisfaction, elle ne sera qu'un improbable objet de prédation, et encore...
Dans ce monde énigmatique et expérimental, où une étrange créature a été ramenée pour être étudiée sur toutes les coutures, ce sont les " marginaux " de cette Amérique binaire des années 50, raciste, machiste et bien-pensante, qui portent le film par leur extrême sensibilité à fleur de peau. Leur poésie intrinsèque les sauve.
Un vieux professeur solitaire, un homosexuel, un scientifique, deux petites femmes de ménage, noire et blanche, révèlent les failles d'un monde sans pitié. Mais aussi le pouvoir incommensurable des laissés pour compte, sans frontière !
" La forme de l'eau " : H2O, malgré les défauts de ses qualités ou la qualité de ses défauts rafraîchit et glace parfois. C'est avant tout un conte poétique d'où la Vérité pointe, au delà de la fiction.
Elle réenchante en tous cas le monde vers une autre dimension.
La plus belle.
Celle de la puissance de l'imaginaire qui dépasse de loin le réel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire