mardi 19 février 2019

Le bon Génie de Malgoirès !

Photo : Hélène Samzun-Dehaspe
Pour peu que la porte de Daniel Maigron ose s'ouvrir, un autre monde, qui ne ressemble qu'à lui-même, s'offre au visiteur, promeneur, passant, et accessoirement client.
Même si la petite bourgade de Saint-Geniès-de-Malgoirès a vu naître la facétieuse Bernadette Lafont, il n'en demeure pas moins qu'elle passe la plupart du temps inaperçue, entre Nîmes et Alès.
Le cœur du petit village gardois a su toutefois  conserver  un  brin de son âme malgré tout avec quelques utopistes, parfois venus de loin,  qui ont pignon sur rue :  brocanteur-café, couturière atypique et styliste artiste créateur.
Toujours un peu entre deux mondes, celui où il a longtemps vécu à Hong-Kong, Daniel Maigron, tel Ulysse, est revenu de son long voyage ,dans son territoire natal. Retour aux racines avec inspirations multiples et savoir-faire du bout du monde. Tout en s'adaptant au mieux à l'environnement local, si possible.
Le printemps s'est invité en avance dans sa boutique-atelier-galerie d'art et les dernières créations pour le festival du cinéma taurin trônent sur le mur en arrivant. Ses raseteurs d'un bleu inusité dont il a le secret tournoient  et virevoltent comme dans un film.

Photo : Hélène Samzun-Dehaspe
" Voici ma dernière création  " : précise-t-il en montrant ces cercles bleu-noirs hypnotiques et captivants comme des yeux de hiboux. Les gouaches sont sur la table, sopalin, notes et autres outils de travail attestent de l'immédiateté du travail en cours.
Son " Bouddha " du même bleu est accroché à un porte- manteau, entre ces deux œuvres.
Styliste-créateur pour Cacharel, il a cheminé vers d'autres rives chinoises dont il est revenu.
L'espace coloré et chaleureux mêle les genres pour ce touche à tout dont une peinture mystique et mythique pourrait faire penser à l'héritage de Cocteau. Des meubles chinés et chinois  nous donnent l'impression d'être dans le salon ou l'atelier d'un artiste des années 30.
Tel est son style : unique !
Les habits aux couleurs printanières sont suspendus sur les présentoirs et chaque couleur répond à une autre, toutes coordonnées avec les meubles et la tenue de Daniel !
Hasard du calendrier, la visite tombe le jour de la mort de Karl Lagarfeld, d'où un voile sombre qui traverse le visage du créateur ;  " je suis triste ce jour, car c'est un peu un Maître qui disparaît aujourd'hui " : confie-t-il.
Hasard ou pas, la vie d'artiste continue...
Ce qui est sûr, en tous cas, c'est que " créer, c'est résister ".
Contre le temps qui file entre les doigts, histoire de le retenir, de le partager, et voire même  de l'immortaliser.

Photo : Hélène Samzun-Dehaspe

" Ma petite boutique chérie " : 19 bis Les Boulevards 30190 St Geniès de Malgoirès - 06 42 51 96 09

lundi 18 février 2019

Des aiguilles aux pyramides, de l'infiniment petit à l'infiniment grand ...

Les autochtones bellilois, en osmose avec leur nature sauvage  de la côte "d'en dehors" les ont nommées les " Aiguilles de Port Coton " : ce décor improbable de falaises déchiquetées où les vagues viennent se briser met en valeur des luminosités  qui n'existent nulle part ailleurs, mêlant ni tout à fait le bleuté à   ni tout à fait du vert : le glazig.
L'écume des flots rappelant le coton . De cet endroit, l'homme se sent infiniment minuscule face à l'Univers.
De quoi retrouver ainsi sa juste place et  le sens des véritables proportions . Sa finitude aussi.

 Claude Monet a quant à lui baptisé sa série de six tableaux : " les Pyramides de Port Coton".
De la dénomination des aiguilles microscopiques à celles des Pyramides gigantesques, on parcourt tout le cheminement d'extrapolation, de transcendance ou de sublimation de la nature vers la culture...
Aiguilles réelles  ou pyramides virtuelles, ces créations surgies des profondeurs vers l'infini, fascinent. Elles semblent relier par un axe invisible  les profondeurs au ciel. Nos propres profondeurs aussi vers l'infini.

Remercions ces artistes pour avoir immortalisé cette nature belliloise aussi indomptable que les chevaux de Przewalski en Cévennes,  connue désormais dans le monde entier.
Un collectionneur russe, Serge Schoukine a d'ailleurs acheté deux des tableaux de Claude Monet.
Certains sont exposés au musée Pouchkine de Moscou, d'autres au Luxembourg .

Des aiguilles aux Pyramides, du microcosme au macrocosme, le voyage ne peut être en tous cas que divin !

samedi 9 février 2019

La maison

II a suffi du liseron du lierre
Photo Hélène Samzun-Dehaspe. Tornac.
Pour que soit la maison d'Hélène sur la terre
Les blés montent plus haut dans la glaise du toit         
Un arbre vient brouter les vitres et l'on voit
Des agneaux étendus calmement sur les marches
Comme s'ils attendaient l'ouverture de l'arche
Une lampe éparpille au loin son mimosa

Très tard les grands chemins passent sous la fenêtre
II y a tant d'amis qu'on ne sait plus où mettre
Le pain frais le soleil et les bouquets de fleurs
Le sang comme un pic-vert frappe longtemps les coeurs 
Ramiers faites parler la maison buissonnière 
Enneigez ses rameaux froments de la lumière
Que l'amour soit donné aux bêtes qui ont froid
À ceux qui n'ont connu que la douceur des pierres

Sous la porte d'entrée s'engouffre le bon vent
On entend gazouiller les fleurs du paravent
Le coeur de la forêt qui roule sous la table
Et l'horloge qui bat comme une main d'enfant

Je vivrai là parmi les roses du village
Avec les chiens bergers pareils à mon visage
Avec tous les sarments rejetés sur mon front
Et la belle écolière au pied du paysage.

(René-Guy Cadou, Hélène ou le règne végétal, 1952)

samedi 2 février 2019

Dedans-Dehors



Les fruits de brode-rient ! Hélène Samzun-Dehaspe
Les fruits de brode- rient
Quel "Peps" ils ont,
Sans couleur !
Qui toque à la fenêtre ?
La verdure empotée
Derrière le grillage,
S'évade .





jeudi 31 janvier 2019

Adieu janvier !

Ciel coton à Uzès

Sur un rail ducal
Des pierres  verticales
Rondes ou carrées
Se toisent.
Chenal horizontal,
Ligne de fuite,
En pente douce.
Janvier s'en va
Par ciel coton. 

Minéral !

10 degrés. 

Ni chaud, ni froid
Justes les pierres
d'où s'évadent
Porches et fenêtres
pour prendre l'air.

Viscéral !