lundi 28 janvier 2019

" Personnages exceptionnels " :

Tel s'intitulait le cru 2019 de la dix-huitième édition du festival nîmois de la biographie, après le thème du " sens de l'histoire " en 2018.
Trois jours consacrés soit aux biographes professionnels comme Françoise Cloarec ( Auteur entre autre de Séraphine ) soit à des personnalités qui se racontent.
Difficile de se frayer un chemin  avec les têtes d'affiche  comme Clara Dupont-Monot ( " La révolte " ) , Jean-Louis Debré ( " Nos illustres inconnus " ) , co-présidents de l'événement,  Ségolène Royal ( " Ce que je peux enfin vous dire " ) ou Michel Drucker avec " Il faut du temps pour rester jeune "!
Vladimir FEDOROVSKY et le Roman vrai de la manipulation.
Comme on le comprend !
Organisation évidemment rodée, avec entrée gratuite, qui plus est, au fameux " Carré d'Art " qui fait face à l'ancestrale maison carrée.
On croisera aussi dans cette pléthore d'écrivains plus ou moins connus, des cinéastes comme Jean-Jacques Anaud ou des acteurs comme Jean-Pierre Kalfon ou Niels Tavernier. Sans oublier l'incontournable F.O.G dont un stand était consacré au Point.
Plus discret sans doute était Vladimir Fédoroski, diplomatie oblige, pour présenter " Le roman vrai de la manipulation " ; aussi discret que peu avare en échanges loyaux.
Ce grand spécialiste de la politique russe, ukrainien d'origine, internationalement connu, oeuvre pour le délicat rapprochement entre l'Europe et la Russie, avec toute son intelligence.
Connu du  grand public avec le Roman de Saint-Pétersbourg et le roman de Raspoutine, il familiarisera , de son langage clair et simple, le béotien avec un monde sous-terrain, pour ne pas dire sous-marin,  dont la réalité dépasse souvent la fiction.
Spécialiste de l'art soviétique de la manipulation, il garde assez de recul pour mentionner une précieuse antidote qu'incarne Marie-France Hirigoyen qui n'a de cesse de protéger les victimes de ces prédateurs ; idem pour le harcèlement moral qui sévit à tous les étages de notre société.
D'utilité publique donc.


vendredi 25 janvier 2019

" Les sacrifiés de la république "

Albert Londres déclarait que le sens du journalisme consistait à " tremper la plume dans la plaie ". Sans doute dans cette même  veine, l'équipe de l'émission " Pièces à conviction " a enquêté au cœur de l'aide sociale à l'enfance, notamment au foyer d'Eysines en Gironde.
Un sujet qui dérange et ne passionne pas les foules apparemment.
Sauf qu'il aura fallu une enquête de cette rigueur pour dénoncer les dysfonctionnements en foyers et le manque de formation évidente de certaines familles d'accueil pour gérer des problématiques qui les dépassent .
Les départements en charge de ces dossiers sensibles censés gérer les fonds sont à géométrie variable du Nord au Sud de la France.
Tous ces jeunes, censés être protégés par la mère République sont en fait jetés en pâture à 18 ans, lâchés dans la nature.
Inutile de se demander ensuite pourquoi certains d'entre eux finissent dans la rue avec certains problèmes psychologiques très...logiques. Les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets.

Le 16 janvier dernier, la ministre de la santé, Agnès Buzyn avait décliné l'invitation sur le plateau, pour le débat. Débat fort intéressant, avec notamment la participation de Boris Cyrulnick.

Apparemment, la mission journalistique aura atteint son but puisqu'un secrétaire d'Etat à la Protection de l'Enfance vient d'être nommé ( en urgence ?  ) par le chef d'Etat : Adrien Taquet, auprès du ministre des Solidarités et de la Santé.

Effet d'annonce ou découverte aux forceps du principe du réel par des élites à mille lieues de la souffrance ordinaire quotidienne ?

L'avenir nous dira sur ce sujet sensible dont l'Etat a le devoir de responsabilité, exemplaire, si possible, si cette nomination n'est que communication ou action de grande envergure.

Facile en tous cas de stigmatiser une jeunesse sans repère et soins élémentaires, lorsque l'Etat n'a pas su la protéger a minima.

Affaire à suivre...

https://www.france.tv/france-3/pieces-a-conviction/856735-aide-sociale-a-l-enfance.html




lundi 14 janvier 2019

" Flic et voyou en Art contemporain "...

Curieuse rencontre entre trois personnages atypiques dans le film écrit et réalisé par Lucas Bernard :
" Un beau voyou " ; la fille d'un peintre,  ( Jennifer Decker ), restauratrice de tableaux de son état, le commissaire Beffrois sur le retour, déjà pas mal déconnecté, et un incroyable acrobate au regard envoûtant, ni tout à fait lui-même, ni tout un fait un autre, Antoine, François, Bertrand ? Qui sait ?
Nos trois " passants " de la vie comme par inadvertance se croisent, se recroisent, presque par accident, voire plutôt par mégarde.
Truculent rôle de Charles Berling ( un peu jeune  ) pour un futur commissaire retraité qui ne ressemble à aucun autre policier, comme en apesanteur dans un Paris où tous les chats sont gris la nuit. Un curieux vol de tableau  dans la bonne société lui ravive la flamme éteinte par l'élégance et le procédé du geste.
Il remonte le fil, patiemment, pour arriver au dénominateur  commun de ces neuf vols de tableaux depuis trois ans.
Le commissaire Beffrois, toujours un peu largué, dont les fils quittent le nid, est intrigué par ce jeune qui change de nom comme de lit, virtuose de l'escroquerie immobilière, entre autre. Pas uniquement pour l'argent, non, pour le jeu, pour le " fun ". Ces deux là finalement se ressemblent, mais ne se sont pas trouvés du même côté.
Quant à la fille du peintre, un peu paumée aussi ( on le serait à moins avec un père pareil ) ,  s'accroche à contre-courant pour trouver sa place parmi tout ce petit monde atypique.
Ni castagne, ni sexe, ni violences gratuits dans ce policier poétique, sur les toits d'un Paris bleuté de nuit.
Juste une envie de comprendre et de remonter le mécanisme de comportements en suspensions.
En filigrane affleure la question de l'art moderne ou contemporain ? De ses codes, de ses dérives.
Est-il réservé à une élite qui spécule sur lui pour se divertir autant que s'enrichir  ou appartient-il à tous ?
Belle surprise en ce début d'année 2019 pour un policier policé, léger et romantique !

samedi 12 janvier 2019

" Les raisins de la colère "

Que ce soit à l'échelle d'une famille, d'un groupe, ou d'une nation, certains ingrédients  sont nécessaires à la préservation à minima de son unité, d'autres sont le ferment de la dislocation.
Lorsqu'au sommet de quelconque groupe, les places ou statuts ne sont préservés que par un jeu subtile pour les uns, pervers pour les autres, en divisant  sciemment ses parties, les dressant ainsi les unes contre les autres, en jetant de l'huile sur le feu, il ne faut pas s'étonner de l'effet boomerang garanti ; quand des travailleurs pauvres, des infirmières à bout de souffle, des artisans qui ne comptent pas leurs heures, des retraités qui ont travaillé toute leur vie, parfois avant l'âge de 16 ans, des chômeurs sont pré-jugés sans nuance aucune, et jetés dans le même panier que des fauteurs de trouble professionnels, par des censés  " responsables " , incapables de donner l'exemple au sommet, le ton monte inexorablement.
Là où la mauvaise foi atteint des sommets : la leçon du sens de l'effort absent chez les français !
A chacun sa notion -relative- de l'effort.
Quand une présidente de commission de débat est remerciée pour son soutien par un poste à 14 000 euros mensuels, quand les passe-droits à géométrie variable pleuvent en tous sens, il paraît assez surréaliste de donner quelque leçon que ce soit à tous ces gens très ordinaires et souvent invisibles et silencieux qui composent la France.
Dernier recours dans le style, " après moi le déluge " : monter gilets jaunes contre foulards rouges, et pourquoi pas la révolution orange ?
 Surtout faire monter la mayonnaise.
Drôle de cuisine  qui sent le roussi.
Puisque la leçon du jour concerne le sens de l'effort, absent chez tous ces français mécontents, non reconnus, efforçons-nous alors de ne pas boire ce vin sulfaté jusqu'à la lie !
Efforçons-nous de nous abstenir de tout commentaire, pour ne pas en rajouter une louche !
Louche.
Ce sera le dernier mot.
Efforçons nous surtout d'y voir plus clair . Louche , non ?

dimanche 6 janvier 2019

Entre deux mondes : " Sir "

Belle surprise indienne en ce début d'année avec : " Monsieur " de Rohena Gera .
C'est ainsi que l'invisible héroïne du film qui devient de plus en plus visible au fil de l'histoire appelle " Ashwin" , le fils de famille aisée de Mumbai qu'elle sert, pour échapper à sa condition rurale.
Deux mondes opposés s'entrecroisent dans le bel appartement cossu de ce jeune marié abandonné le jour " J" de son mariage.
Rohena Gera, la cinéaste indienne , déclare que petite, "  elle aimait tout le monde, sans distinction sociale " pour expliquer combien elle avait du mal à mettre des barrières avec sa nourrice qui l'a élevée. Partie faire des études aux U.S.A, comme le Monsieur de l'histoire, elle a compris bien plus tard le poids des barrières invisibles et du carcan familial.
Les deux protagonistes, aux milieux sociaux opposés, sont tous deux enfermés dans une prison invisible : celle du poids des traditions rurales voire obscurantisme religieux pour Ratna, et celle  plus dorée, de la classe sociale aisée qui ne vit que l'entre- soi.
Ces deux jeunes gens que tout oppose apprendront à se connaître, dans un cheminement quasi initiatique où les non-dits et le poids du silence révèlent autant des clivages sociaux ancestraux que de longs discours.
Tout indice de ce long cheminement vers l'autre , parfois imperceptible, en dit long sur l'incroyable subtilité de cette histoire indienne, tout en nuances.
Les derniers mots prononcés illustreront à merveille, pour qui sait écouter, l'incroyable délicatesse de ces deux prisonniers de leur classe sociale et famille, qui au lieu de les soutenir pour les émanciper, les oppressent  et les empêchent de vivre : là réside le point commun qui les unit malgré eux.
A ne pas rater en ce début d'année .
Ratna, la servante  toujours digne et Ashwin, le maître, prisonnier des conventions de sa caste.