Dernièrement se tenait à Bordeaux et ses environs des conférences sur le thème cher à Montaigne et La Boétie : l'amitié.
De brillants conférenciers ont pu apporter leurs regards perçants sur ce thème universel que François Mauriac a lui même sondé au plus profond dans ses œuvres, autour de la complexité de l'âme humaine.
Une gageure que cette première série de conférences se déroule dans un premier temps face à la mairie, où le premier magistrat a lui même expérimenté, à ses dépends, les limites d'une amitié présidentielle le conduisant à l'exil canadien...
Variation inattendue d'une amitié ( ? ) puisque c'était le
meilleur du clan, dans le rôle de fusible. Mais amitié et politique s'accordent -elles ?
Ainsi me revient en mémoire ce film Hitchkokien de Dominique Moll* où l'ami rondelet rassurant ( Serge Lopez ) ressurgissant du passé dans la vie d'un couple déclinera sa bien sombre partition . L'intention profonde sera proportionnellement inverse à celle affichée, puisque destructrice
in fine .
De là à penser à ces fameux "
faux-amis " de la langue anglaise que l'on découvre en étudiant la langue de Shakespeare : ils ressemblent aux mots français à s'y méprendre, mais réservent parfois des significations diamétralement opposées dont il convient de prendre garde si l'on ne s'attarde pas sur le sens subtil des nuances. A les observer, ils rendent cette langue plus familière, mais cette familiarité n'est qu'un leurre, pour qui ne prend pas le temps de décrypter les pièges.
Dans un cas, il s'agit de recherches universitaires, dans l'autre de politique, dans le troisième de cinéma .
Quant à la vraie vie, l'Amitié avec un grand A reste une denrée rare qui peut durer toute une vie , et même bien au delà, pour peu qu'on connaisse sa valeur et ses exigences : sincérité, recul et partage sans calculs.
Peut-être ce que Tahar Ben Jelloun nomme l'exigence amicale ?
Question de vibrations sans doute , assurément .
Celles qui sonnent juste.