mercredi 17 avril 2024

Les limites salutaires de la " transparence " !

 En matière par exemple de nutrition et de traçabilité des aliments, saluons les efforts considérables de " transparence " produits au fil des dernières années pour améliorer l'état de santé global des consommateurs. Cette donne constituerait ici un progrès en matière de prévention et éviterait aux gens de s'empoisonner à l'insu de leur plein gré. Sans sombrer pour autant dans une suspicion permanente.

Dans d'autres cas, cette potion magique de " transparence " peut vite atteindre ses limites évidemment . On comprendra que dans le domaine bancaire, elle serve certains et desservent d'autres. Y compris dans le domaine du journalisme avec la préservation du secret des sources ou des enquêtes policières.

Là où cette notion très en vogue devient vite dangereuse , c'est lorsqu'elle met en danger la dignité et le respect  des potentiels clients ou patients concernés.

Que dire, dans le domaine médical par exemple, du non respect  de l'éthique professionnelle et de la divulgation d'informations privées sur la place publique ? Soit pour briller en société, soit par simple bêtise sans oublier de sombres calculs.

Les limites de cette valeur qui peuvent se défendre à titre préventif dans l' alimentation, se trouvent donc dans le respect de l'éthique de chaque profession. Si le problème du secret bancaire est parfois mis à mal dans des affaires louches, la notion de secret s'impose dans la déontologie médicale par exemple. A moins que la personne concernée ait consenti évidemment  à donner son accord pour la divulgation d'informations privées et confidentielles. C'est un peu le cas d'école observée dans la presse britannique avec l'aveu de la princesse Kate Middleton sur son cancer pour briser sans doute le tabou séculaire de l'Omerta royale. Et servir la cause selon elle. Aux antipodes des mensonges d'état présidentiels en France sur ce sujet par le passé !

Ici encore, se joue la notion de " consentement " : une valeur mise en avant dans l'actualité dans divers domaines.

Quel garde-fou plus efficace que la notion de respect et d'éthique pour cette valeur très galvaudée par les temps qui courent ?

Un peu comme la notion de " frontière " , le secret médical ou le secret des sources, à défaut du secret bancaire, jouent un rôle fontamental dans le bon équilibre d'une société. Sauf exceptions consenties ou  récupérations diverses et variées. Pour faire avancer par exemple la recherche médicale .

Toujours une question de bon dosage car la transparence à haute dose reste un poison autant que le secret.

samedi 6 avril 2024

Pas de vague sur "pas de vagues" !

 Au moment où la question d'actualité de "sanctuariser" l'école s'impose, d'une manière ou d'une autre, on s'étonnera du peu de publicité faite au film "Pas de vagues" réalisé par Teddy Lussi-Modeste , professeur qui a vécu en 2020 à Aubervilliers le sujet de son film ;  le problème de la fausse rumeur qui peut aller jusqu'à  détruire la réputation de Julien, jeune professeur de français est mis en lumière de manière subtile en crescendo. Au collège de banlieue " Paul Eluard "  François Civil ( brillant acteur de D'Artagnan ) , qui rêverait d'être pour ses élèves  le professeur  "dont on se souvient toute une vie" comme il a lui même connu, tombe de très haut. Suite à une sortie organisée sans doute par idéalisme  au Kébab avec quelques élèves ,  pour mieux  les connaître car de toutes confessions, il sera confronté à la jalousie des uns, la mesquinerie des autres, le manque de soutien de sa hiérarchie . Suite à la plainte d'une élève apparemment terrorisée par son grand-frère sans foi ni loi, l'idée de départ tourne au cauchemar . Leslie a eu le malheur de dénoncer des faits irréels qui, soutenus par des camarades jalouses de ne pas avoir été invitées au Kébab, prennent des proportions démesurées pour embraser la vie du jeune professeur et du collège tout entier. Tout en nuances, le mécanisme de la rumeur est ici soulevé, avec les faux témoignages des uns et des autres, aveuglés par leur ignorance ou leur bêtise. Toute la bonne foi du jeune professeur propulsé dans ce collège où d'aucuns auraient parlé " d'ensauvagement " est mise à mal dans un lent processus où les valeurs s'inversent. A commencer par la police qui enregistre la plainte de Leslie mais ne veut pas écouter le reste. Toutes les problématiques de l'Education Nationale ici dépassée, à quelque niveau que ce soit,  sont ainsi révélées, dans une ambiance de suspicion généralisée où chacun semble regarder dans la mauvaise direction. Saluons au passage la retenue du principal protagoniste quant à son "orientation sexuelle" d'ordre privé à ses yeux, qui ici n'a strictement aucune importance et sans récupération aucune. Performance pour l'acteur principal plus vrai que nature, y compris pour Shaïn Boumedine, étranger à ce microcosme professionnel assez fermé, sans oublier les seconds rôles assez complexes !