mercredi 21 septembre 2016

21 septembre : journée d’Alzeihmer et/ou journée de l’invisibilité !


« A chaque jour suffit sa peine » : nous murmure ici à juste titre la « vox populi » .
Convocation à Pole Emploi à 9 heures dans une des plus belles régions de France, auprès d’un certain « P.V ». Soit.
Arrivée avec une demi-heure d’avance dans un local hyper sécurisé (il convient de laisser sa carte d’identité à l’accueil pour accéder aux toilettes), j’attends sagement mon tour ; le temps de décompresser d’une vingtaine de minutes passées dans les bouchons, entre deux rond-points bien connus des usagers.
Accueil des plus bienveillants par une jeune fille souriante chargée du service civique, qui ne cesse d’aller et venir entre les demandeurs d’emploi en quête d’informations.
Au bout de quarante minutes d’attente, je m’enquière auprès de cette jeune employée dévouée de vérifier si ma convocation est bien pour 9h00 ??
Après vérification sur la liste déjà pointée à mon arrivée, la préposée passe un coup de téléphone à P.V, sensé me recevoir.
Cinq minutes plus tard, un homme impassible me reçoit, me certifiant que je ne suis pas sur sa liste.
« Pourquoi vous-ai-je convoqué au fait » me demande-t-il, d’un ton neutre, une fois assis à son bureau.
C’est bien ce que je vous demande ! (mi amusée, mi consternée)……Surtout, remplir le dossier administratif pour cet employé inexpressif.
Au moment où j’ouvre la bouche, celui-ci me coupe sèchement en me rétorquant qu’il n’a que très peu de temps pour me recevoir, vu que je suis « invisible » et non avenue dans son emploi du temps.
Aucune excuse.
Nada.
Il est vrai que son temps est tellement plus précieux que celui d’une demandeuse d’emploi, quinqua, qui plus est !
Je réponds donc mécaniquement à ses questions administratives, apprenant que, de toutes façons, si je refuse de faire une heure de route pour un éventuel emploi, je serai purement et simplement radiée de la liste.
A cette nouvelle information, je me dis que je ne serai donc pas venue pour rien, enrichie de cette précieuse notification.
Pour une « invisible «, je sais au moins à quoi m’en tenir en cette journée dédiée à la cause d’Alzheimer.
Question dissuasion, ce P.V n’aurait pas fait mieux pour inciter la demandeuse d’emploi à quitter d’elle-même les statistiques encombrantes.
Non accueil oblige. Non allocations itou.
Son devoir administratif accompli, notre cordial employé me quitte en me souhaitant de trouver le plus rapidement possible un emploi.
Vœux pieux ou pas, je lui rétorque que je lui souhaite de trouver du temps pour écouter ceux qui, somme toute, le font vivre.
Ce n’est pas une question de temps, Madame, vous n’étiez pas sur ma liste, mais c’est bien d’avoir alerter l’accueil !
Sur que si je n’étais pas venue au rendez-vous, cet employé n’aurait pas oublié de me radier pour non présentation.
Quand l’humanité déserte à ce point celui qui est sensé œuvrer pour LE SERVICE PUBLIC, il ne faut pas s’étonner de la conjoncture morose.
A quand la journée de la « visibilité » ? Ah oui, j’oubliais, ALZHEIMER, sans doute !

Mais à chaque jour suffit sa peine ....

mardi 6 septembre 2016

« Le fils de Jean » de Philippe LIORET

La rentrée réserve parfois de belles surprises : cette reprise librement adaptée du roman « si ce livre pouvait me rapprocher de toi » de Jean-Paul Dubois, par Philippe LIORET, avec un titre aussi dense, ne pouvait qu’évoquer le thème de la paternité et de l’identité ; un thème des plus galvaudés en ces temps troublés, servi à toutes les sauces, y compris les plus indigestes.

Exception qui confirme ici la règle, dans ce film franco-canadien, où Pierre Deladonchamps , Gabriel Arcand, Catherine de Léan ou Marie-Thérèse Fortin sont tout simplement troublants.

Un jeune trentenaire, Mathieu, reçoit un jour un coup de téléphone inopiné qui va le mener au bout de lui-même et de son identité ; un prétendu ami de son père naturel, médecin canadien, le contacte, suite au décès annoncé, pour lui transmettre un tableau en héritage.


Instinctivement, le jeune père de famille parisien prendra l’avion pour Montréal, à la rencontre de son histoire qui remonte peu à peu à la surface; plus facilement en tous cas que le corps du prétendu géniteur, noyé dans un lac ; l’occasion pour le fils sans père identifié de recoller les morceaux de son identité jusque là floutée .

Surprise ici , non par le sujet du film, mais par la subtilité infinie avec laquelle il est traité, tout en jeu de non-dits et de regards fuyants , croisés, qui se retrouvent in fine.

L’intrigue est préservée jusqu’au bout et c’est tout en finesse que la vérité se recomposera, ménageant ainsi, les effets collatéraux qui auraient pu s’avérer dévastateurs.

C’était sans compter l’intelligence du scénario, du jeu tout en retenue des acteurs , justement éblouissants de délicatesse, de sobriété, pour ne pas dire d’humanité.

Du grand art !